Le métier de sage-femme, sous ses aspects déontologique, éthique et juridique, a été récemment au centre de débats au complexe Mère-enfant du centre hospitalo-universitaire de la wilaya, lors d'une journée d'études et d'information organisée par le collectif des sages-femmes du secteur sanitaire de la wilaya. Profession à risque pour les Prs Benhabib et Bettahar du fait de «leur exposition au sang avec les risques de contamination par les virus du VIH et les autres formes d'hépatites», en plus, selon le Dr Meziane «des allergies cutanées et respiratoires qui découlent de la manipulation des différents produits d'hygiène et autres désinfectants». Lors des débats, les sages-femmes ont, tour à tour, étalé au grand jour «les préjudices moraux subis au cours de l'exercice de leur profession». Ces dernières se disent «victimes de harcèlement, insultes et menaces de la part de leurs responsables hiérarchiques mais aussi par les parturientes et leurs familles». La surcharge professionnelle était aussi au centre des préoccupations des sages-femmes. L'on apprend ainsi qu'il y a une sage-femme pour 900 femmes dans la wilaya, ce qui illustre la forte pression à laquelle elles font face. Un métier qu'elles accomplissent donc, dans la plupart des cas, dans l'urgence et des conditions difficiles. L'on saura, à travers les déclarations des sages-femmes, que «l'épuisement moral et la surcharge du plan de travail sont en majorité la cause des accouchements par césarienne». Un mode expliqué et justifié par le Dr Benosmane, psychologue au CHUT, par le fait que «les contraintes subies par les sages-femmes les conduisent à adopter leur propre mode de protection». Et de souligner «qu'afin d'éviter toute erreur médicale et à la moindre suspicion pouvant les compromettre, les sages-femmes orientent les parturientes vers les césariennes». Ce qui explique le taux élevé de cette forme d'accouchement. Sur les 12 869 accouchements enregistrés, il a été pratiqué 4123 accouchements par césarienne. C'est toute la face cachée de ce métier qui a été mise en évidence par les sages-femmes qui espèrent, à travers cette journée d'information, sensibiliser les responsables et les citoyens à plus «de respect et de considération afin qu'elles puissent exercer leur métier dans la dignité», comme l'a souligné la maîtresse-sage-femme et présidente du comité d'organisation, Mme Leila Abdou, avant de conclure : «Nous donnons la vie à des milliers de bébés quotidiennement avec courage, humanisme et amour ; nous méritons donc égard et considération.»