La journée d'information organisée, avant-hier, par le collectif des sages-femmes de l'établissement hospitalier spécialisé mère-enfant de Tlemcen, au Palais de la culture, a été marquée par une série de conférences-débats portant sur le métier de sage-femme sous tous ses aspects: juridique, déontologique, éthique et même religieux. A travers les débats, les participants ont à l'unanimité rendu un bel hommage aux sages-femmes tout en s'accordant à dire que c'est le plus beau métier du monde. Toutefois, le plus beau métier du monde est aussi un métier à gros risques. La profession de sage-femme est l'une des plus à risques d'accidents, d'exposition au sang, a souligné le docteur Iles, confirmé par le Pr Benhabib et le Dr Battahar, deux spécialistes sur lesquels repose le service de l'EHS. Pour sa part, M. Meziane a indiqué que la manipulation de différents produits d'hygiène fragilise la barrière cutanée et génère des dermites à l'origine des allergies cutanées et respiratoires. Quant aux préjudices moraux subis par les sages-femmes, celles-ci se disent «être souvent victimes d'harcèlement moral pratiqué par leur responsable, et d'insultes et de menaces proférées à leur encontre par les parturientes et leur famille». Aussi, les statistiques mentionnant qu'il y a «une sage-femme pour 900 femmes illustrent parfaitement que ces professionnelles de la santé subissent une trop forte pression due à la surcharge du travail. Cette surcharge, de surcroit, accomplie dans des conditions parfois inconfortables, est l'un de facteurs à l'origine de l'épuisement professionnel, selon M. Benosmane, psychologue au CHU de Tlemcen. Ces diverses contraintes ont conduit la sage-femme, pour éviter toute erreur médicale, à mettre en place son propre mode de protection: l'accouchement par césarienne. «Ce mode d'accouchement par césarienne est pratiqué à la moindre suspicion de la souffrance fœtale», indique une sage-femme. D'ailleurs, les chiffres de l'année 2014 montrent clairement la fréquence de ce mode d'accouchement. Sur les 12869 accouchements pratiqués, 4123 ont été accomplis par césarienne. «C'est une journée d'information et de sensibilisation à l'intention des sages-femmes, mais aussi, des professionnels et des citoyens qui ne connaissent notre métier que lorsqu'ils ont affaire avec nous lors d'un accouchement ou d'une visite. Mais, que tout le monde sache que nous exerçons notre métier avec amour, bravoure et humanisme, sans autre considération», a souligné, humblement, Mme Leila Abbou, maîtresse sage-femme et présidente du comité d'organisation de cette journée.