Abdelkader Mana revient pour la troisième fois aux commandes de l'USM El-Harrach. Mana veut assainir la situation avant d'ouvrir le capital du club aux investisseurs. Entretien. Le Temps d'Algérie : Vous êtes de retour à la tête de l'USMH à la place de Mohamed Laïb. Comment avez-vous trouvé la situation ? Abdelkader Mana : Je peux dire que c'est la catastrophe. J'ai trouvé un club criblé de dettes. Les joueurs ne sont pas payés depuis six mois. A l'issue de mon dernier mandat à la tête du club, j'ai laissé un siège et un cercle. Aujourd'hui, je n'ai même pas trouvé une chaise dans un siège qui se trouve devant des toilettes publiques. C'est malheureux. Les recettes du club en 2014 sont de l'ordre de 20 milliards alors que la masse salariale ne dépasse pas 1,5 milliard. Je me demande où est passé le reste de l'argent. Quand on gère une société, on doit payer ses employés. Depuis l'avènement du professionnalisme, on n'a pas vu beaucoup de bilans financiers. Je vais saisir la justice pour nous envoyer un expert afin d'éplucher les bilans de Laïb. Un audit s'impose sur la gestion de Laïb avant l'ouverture du capital. Personne ne peut venir investir à l'USMH sans connaître la vérité sur la situation financière du club. On doit faire un état des lieux avant tout. C'est une priorité. Je dois assainir la situation et remettre tout dans l'ordre avant d'ouvrir le capital. Cela nous demande un peu de temps, cinq ou six mois. Je ne suis pas revenu pour durer à ce poste de président. J'ai 77 ans et je vais passer le témoin à des gens de confiance, capable de redorer le blason de l'USMH. Cette situation a incité beaucoup de joueurs à quitter le club. Même ceux qui sont sous contrat réclament un bon de sortie. Cela ne vous inquiète pas ? Non, je ne suis pas inquiet. Nul n'est indispensable. On peut compter sur les enfants du club. Je suis fier de nos espoirs et de nos juniors qui ont perdu leurs finales en coupe d'Algérie. Ces jeunes sont l'avenir du club qui doit retrouver d'ailleurs son statut de club formateur. Etes-vous prêt à libérer les joueurs qui veulent quitter le club cet été ? Le domaine technique est du ressort de Boualem Charef qui nous a donné son accord pour poursuivre sa mission. C'est lui le patron technique à l'USMH. C'est lui le directeur technique et l'entraîneur. C'est lui qui libère et qui recrute. S'il nous demande de libérer ces joueurs, on va leur accorder sans aucun problème leurs lettres de libération. J'ai déjà régularisé certains joueurs et le reste doit patienter encore. On attend des rentrées d'argent pour payer tout le monde et préparer la prochaine saison. La commission d'audit et d'homologation des stades a émis des réserves sur le stade 1er novembre de Mohammadia qui risque de ne pas être homologué. C'est un autre casse tête pour vous ? Des réserves sont émises sur tous les stades. Aucun stade ne répond aux normes. L'USMH continuera à jouer à Mohammadia avant l'ouverture du nouveau stade de Baraki. J'ai reçu des assurances de la part du président de la FAF, Mohamed Raouraoua. En principe, c'est notre dernière saison à Mohammadia. Le stade de Baraki va nous régler une fois pour toutes ce problème de domiciliation. On aura aussi des terrains de réplique à notre disposition. On réclame, à présent, notre assiette de terrain pour construire notre centre de formation. On demande au wali d'Alger de nous donner cette assiette. On n'a pas besoin de l'argent de l'Etat pour construire notre centre de formation. On peut le faire avec nos propres moyens, avec l'aide des bonnes volontés qui ont construit des milliers de mosquées à travers le territoire national. Ces centres de formation sont l'avenir du football algérien. Je ne sais pas pourquoi le projet traine encore. L'USMH devait avoir sa quote-part dans le transfert de Bounedjah au club qatari d'Al-Sadd. Y a-t-il du nouveau dans cette affaire ? On n'a pas eu le temps de vérifier les clauses du transfert de Bounedjah à l'ES Sahel. On compte impliquer le président de la FAF dans ce dossier. L'USMH a contribué à la formation et à l'éclosion de Bounedjah, on doit avoir notre quote-part dans son transfert à Al-Sadd. A El-Harrach, l'on parle de la venue de l'ancien joueur de l'USMH et président de l'USMA, Saïd Allik, pour vous aider, qu'en est-il au juste ? Allik est le bienvenu, mais je pense qu'il n'est pas fou pour venir dans la situation actuelle. On vous a empêché dernièrement de tenir une conférence et certains voulaient organiser une marche pour protester contre votre désignation à la place de Laïb. Apparemment, votre retour dérange ? Il n'y avait aucun marche samedi. Je sais bien que mon retour et ma détermination à assainir la situation dérangent. Le club est devenu un fonds de commerce qui rapporte gros à certains qui ne lâcheront pas le morceau facilement. Vous avez hérité en quelque sorte d'un cadeau empoisonné ? Ce n'est pas un cadeau empoisonné, c'est une montagne à détruire. Je suis revenu pour sauver mon club et rien ne me fait peur. Avec l'aide de Dieu, je réussirai cette ultime mission et je remettrai l'USMH sur les rails.