Le chef de l'opposition à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, a été condamné hier à quatre ans de prison notamment pour incitation à la désobéissance, a annoncé une source judiciaire. Le juge n'a pas retenu le chef d'accusation de «complot contre le régime» à l'encontre de cheikh Salmane, a précisé cette source. Le chef de l'opposition, arrêté le 28 décembre, a rejeté cette accusation de «complot», en affirmant avoir toujours appelé de manière pacifique à des réformes politiques. Le verdict a été prononcé par le haut tribunal pénal de Bahreïn, protégé par de strictes mesures de sécurité. Le tribunal a précisé que cheikh Ali Salmane avait été condamné pour avoir «incité publiquement à la haine contre les adeptes d'une confession», en référence aux sunnites. Il a été également reconnu coupable d'avoir «incité à la désobéissance et d'avoir porté atteinte au ministère de l'Intérieur en qualifiant ses employés de mercenaires». Al-Wefaq, le mouvement que dirige cheik Salmane, a rejeté le verdict et demandé la libération de son chef. «Nous rejetons tout verdict autre que l'acquittement de cheikh Salmane», a-t-il affirmé dans un communiqué. «Nous considérons ce verdict comme nul et injuste et l'affaire comme illogique et sans fondement». «Garder cheikh Salmane en prison ne fera qu'entraver une solution et aggraver la crise politique», a encore affirmé Al-Wefaq. «Le verdict prononcé contre cheikh Ali Salmane approfondit la crise politique à Bahreïn», a estimé de son côté Brian Dooley, chef du programme Human Rights Defenders de l'ONG Human Rights First, basée à Washington. «Envoyer en prison le chef du principal groupe de l'opposition pour des manifestations pacifiques ne peut qu'encourager ceux qui cherchent un changement violent et réduit les chances d'un règlement négocié de la crise politique», a-t-il ajouté. Les avocats de cheikh Salmane se sont plaint du fait qu'ils n'ont pas été autorisés, lors de l'audience, à prendre la parole. L'arrestation du leader de l'opposition, âgé de 49 ans, avait provoqué fin décembre des protestations, et avait été condamnée par des organisations de défense des droits de l'Homme. Al-Wefaq est le principal parti politique animateur de la protestation qui a débuté en février 2011, qui a réclamé une monarchie constitutionnelle. Au moins 89 personnes ont été tuées dans les violences depuis et des centaines arrêtées et jugées, selon des ONG des droits de l'Homme.