La police bahreïnie a convoqué mercredi le chef de l'opposition chiite, après une rencontre avec un responsable américain déclaré persona non grata par les autorités de ce petit pays du Golfe dirigé par une dynastie sunnite. Cheikh Ali Salmane, secrétaire général d'Al-Wefaq, principal formation de l'opposition chiite, a été convoqué en même temps que son adjoint politique, Khalil Marzouq, par les services de la sécurité publique. M. Salmane a été interrogé au QG de la police sur « sa rencontre avec le secrétaire d'Etat adjoint américain » ainsi que « sur la situation politique à Bahreïn et dans la région », a expliqué Al-Wefaq dans un communiqué. Ses avocats n'ont pas été autorisés à l'assister durant l'interrogatoire, a ajouté le parti. M. Marzouq, acquitté en juin après avoir été poursuivi pour incitation au terrorisme, a été ensuite entendu séparément par la police. Lundi, les autorités bahreïnies ont déclaré persona non grata le secrétaire d'Etat adjoint américain Tom Malinowski et lui ont demandé de quitter le pays, après sa rencontre avec cheikh Ali Salmane et d'autres dirigeants de l'opposition lors d'une visite dans le royaume. Les autorités ont dénoncé le fait que M. Malinowski se soit ainsi « ingéré dans les affaires intérieures de Bahreïn ». M. Malinowski était un haut responsable de l'ONG Human Rights Watch avant d'être nommé secrétaire d'Etat adjoint en avril, et il avait à ce titre vivement critiqué la répression à Bahreïn du mouvement de contestation lancé en 2011. Petit royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa, Bahreïn –qui abrite le siège de la Ve Flotte américaine — est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par la majorité chiite, qui réclame une monarchie constitutionnelle. Les forces de l'ordre, aidées par des troupes saoudiennes, ont écrasé ce mouvement en mars 2011, mais des manifestations éclatent toujours régulièrement dans des villages chiites et dégénèrent souvent en heurts avec la police.