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Des abus accomplis avec l'argent de l'Etat
La bonne gouvernance n'existe presque pas dans le sport
Publié dans Le Temps d'Algérie le 20 - 06 - 2015

Le sport algérien et la bonne gouvernance sont-ils accommodables ? Apparemment non quand on voit la manière dont les instances sportives et les clubs sont gérés. IL SE dit qu'il n'y a pas assez d'argent dans le sport. C'est, peut- être vrai, mais celui qui y est investi est-il utilisé avec rigueur et sérieux ? Difficile de le croire. Il y a quelques mois, l'ex-ministre des Sports, Mohamed Tahmi, était intervenu devant la presse et avait révélé que 30% des subventions allouées par l'Etat aux fédérations sportives pour la prise en charge des équipes nationales seniors étaient détournés par ces fédérations pour s'en servir au titre de leur budget de fonctionnement.
Ce pourcentage est largement accentué pour l'argent consenti par le même Etat pour les équipes nationales de jeunes puisque, là ce sont 97% des sommes versées qui vont servir au fonctionnement des fédérations. On comprend que des responsables de fédérations sportives déclarent avoir besoin d'argent pour faire tourner la maison mais il ne faudrait pas qu'ils exagèrent.
On entend souvent ces présidents se plaindre de ne pouvoir mener à bien le travail qu'ils mettent en chantier faute de moyens financiers conséquents. Ce serait, donc pour cela qu'ils usent de ceux versés au titre de la prise en charge des équipes nationales pour les besoins du fonctionnement des instances qu'ils dirigent.
Le sponsoring des amis
Mais il n'y a pas que cela. Il faudrait ajouter l'argent mis dans la cagnotte par les sponsors. A ce niveau, comme l'a révélé un cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports, lors d'un séminaire consacré aux fédérations sportives, on fait du n'importe quoi.
Il en est ainsi de certains présidents de fédération qui prétendent pouvoir user de l'aide des sponsors sans rendre de compte à l'Etat vu que ce n'est pas son argent. Il y en a même qui déclarent que du fait que ces sponsors sont leurs amis, ils ont le droit d'utiliser leur aide comme bon leur semble. Voilà qui dénote de la méconnaissance de ces dirigeants de la chose publique.
Le sponsor, même l'ami ou le frère, met de l'argent au profit exclusif de la fédération ou du club et non pas à celui de son président. Si ces présidents veulent cet argent pour eux, ils n'ont qu'à enlever leur casquette de président de fédération. Cette aide est réglementée et le sponsor en question a l'autorisation de défalquer la somme investie au profit de la fédération ou du club de sa déclaration annuelle d'impôts.
Le sponsoring est donc bien une aide indirecte de l'Etat et à ce titre la fédération ou le club doivent rendre des comptes sur son utilisation. Il en est de même de ces présidents qui se plaignent de n'avoir pas assez d'argent pour faire fonctionner «la baraque» mais qui ne se gênent pas pour payer d'avance des boîtes de communication le plus souvent pour des prestations jamais accomplies ou ceux qui s'adressent à des entreprises spécialisées dans l'évènementiel pour organiser de somptueuses réceptions dans des hôtels huppés pour de très petites cérémonies de consécrations.
Un dîner pour fêter le départ d'un ministre
De tels dérapages, l'ex-ministre des Sports, Mohamed Tahmi, en avait longuement parlé et fait part de sa volonté de combattre ceux qui abusaient de l'argent de l'Etat. Des présidents de fédérations sportives avaient fortement souhaité le voir partir car ils les dérangeaient.
Il paraît que le jour où on a annoncé que Mohamed Tahmi venait d'être remplacé au ministère des Sports, certains présidents de fédérations sportives se sont retrouvés autour d'une table pour dîner dans un grand restaurant d'Alger en vue de fêter l'évènement. Il paraît même que l'un d'eux aurait offert à chacun de ses camarades de cette soirée un téléphone portable ultra-perfectionné.
Comme quoi la bonne gouvernance que Tahmi prônait et qui est recommandée par le CIO dérange et empêche les gens d'abuser de l'argent de l'Etat. Pour revenir au CIO, il reconnaît que «autonomie ne veut pas dire indépendance et faire ce que l'on veut». L'instance de Lausanne admet, par ailleurs, que les gouvernements ont le droit d'inspecter et de sanctionner quiconque diverge d'une gestion sérieuse et rigoureuse.
S'agissant des clubs de football, le problème est encore plus grave vu qu'il y a plus d'argent qui circule. Dans ces clubs, l'aide de l'Etat aux jeunes catégories va gonfler le budget de l'équipe seniors, où des salaires qui défient la raison sont versés à des joueurs qui n'ont aucun talent. Le résultat est que ces clubs font valoir un déficit financier abyssal et ne semblent pas vouloir s'arrêter. Etant donné qu'il s'agit de l'argent de l'Etat, on imagine le grand tort fait aux finances du pays.
Dans ces clubs-là, la bonne gouvernance est une notion qui n'existe pas alors qu'ils sont complètement dans le faux même sur le plan sportif vu qu'ils se montrent incapables de fournir des talents grâce auxquels on pourra monter des sélections de jeunes performantes. On fait, malheureusement, comme si tout marchait bien alors que tout va de travers. Pour le plus grand mal de ce sport et de tout le sport algérien.


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