Taoufik Makhloufi est tombé de haut samedi soir lors du 1500m du meeting Areva de la Diamond league de Saint Denis (France). C'était sa première course sur cette distance cette saison et il voulait certainement frapper les esprits en réalisant une grande performance, histoire de montrer qu'il était là et bien là, à un mois et demi des Mondiaux d'athlétisme de Pékin. Il était donné parmi les favoris de cette épreuve non seulement parce qu'il en est le champion olympique en titre mais également en raison de son succès, mercredi dernier, dans le 1000m du meeting de Nancy, où il a réussi la meilleure performance mondiale de l'année, battant, au passage, en 2'13''08 le record d'Algérie de Noureddine Morceli. On le voyait revenir au sommet au bon moment mais on avait quelque peu négligé le fait que le 1000m n'est pas une épreuve olympique ou d'un championnat du monde. C'est une course qui vous permet de jauger votre vitesse en vue d'un 800 ou d'un 1500m. La vitesse, Taoufik l'avait mercredi dernier sur la piste du stade de Nancy mais samedi sur celle du stade de France il était opposé à des adversaires autrement plus véloces que ceux contre qui il avait brillé sur le 1000m. Effectivement, à Saint Denis il y avait le Kenyan Silas Kiplagat, auteur de 3'27''64 il y a un peu moins d'un an à Monaco, mais aussi le Djiboutien Ayanleh Souleiman qui a réalisé 3'29''58 sur la même distance le même jour et sur la même piste que Kiplagat , enfin le Kenyan Ronald Kwemoi dont la particularité est qu'il n'a que 19 ans et dont la meilleure performance sur 1500m est de 3'28''81 également réussie à Monaco il y a un an de cela. Il s'agit de trois coureurs qui ont déjà couru plus vite que Makhloufi sur cette distance, lui dont la meilleure performance, à savoir 3'30''40, date d'un peu plus d'un an. Il fallait donc voir ce que le champion algérien valait face à des concurrents qui seront parmi ses rivaux les plus sérieux à Pekin. 100 mètres de trop pour lui On a cru que Makhloufi était redevenu le Makhloufi de Londres en 2012 pendant les trois quarts de la course. En effet, derrière les deux lièvres qu'ont été le Néerlandais Bram Som et le Kenyan Nichlolas Kipkoech, c'est lui qui a mené cette épreuve avec un Souleiman qui ne l'a pas lâché. Quand ce dernier l'a attaqué à l'entrée de l'ultime virage de la course, Taoufik a su répondre par une accélération qui lui a permis de conserver la tête de la course jusqu'à l'entrée de la dernière ligne droite. Mais alors qu'à Londres il parvenait à laisser sur place ses adversaires, cette fois-ci on l'a senti moins en jambes. Effectivement, cet effort qui lui avait permis de résister à l'attaque de Souleiman, a, semble-t-il, été celui de trop pour le champion algérien. Il était comme bloqué incapable de suivre le train d'un Silas Kiplagat, puis celui de Souleiman et enfin celui de Kwemoi. C'était le tiercé gagnant de ce 1500m avec un Kiplagat auteur de la meilleure performance de l'année en 3'30''12. Quant à Makhloufi, relégué à la 4e place, il s'est contenté d'un 3'30''50, soit dix dixièmes de plus que son meilleur temps sur cette distance (3'30''40). Ce n'est pas un ratage de sa part mais il faut avouer qu'il nous a semblé moins véloce qu'à Nancy. En tout cas, sur la piste de Saint Denis, il y a eu 100 mètres de trop pour Makhloufi sur cette course. A quoi peut-on attribuer ce manque de rythme de fin de course ? A Nancy il avait déclaré à un journaliste qu'il avait gagné le 1000m alors qu'il était à jeûn, en raison du Ramadhan. L'était-il à Saint Denis ? C'est fort probable, auquel cas cela expliquerait qu'il ait cédé dans cette fameuse dernière ligne droite. Maintenant, il va falloir attendre le meeting Herculis de Monaco de vendredi 17 juillet où il sera de nouveau aligné sur 1500m. Ce sera peut-être le jour de l'Aïd el fitr, une occasion pour lui de fêter de la plus belle des manières cet événement.