La wilaya a l'ambition de disposer des plus importants projets en cours de réalisation «avant le 5 juillet 2012 pour fêter dans la ferveur l'événement majeur que constitue le cinquantenaire de notre indépendance», affirme le wali, Mohamed Kébir Addou. C'est la première fois que le wali d'Alger, Mohamed Kébir Addou, accorde un entretien à quotidien national depuis son installation à la tête de la wilaya, le 11 septembre 2004. Une longue interview, réalisée avec l'ex-wali de Djelfa, a été publiée dans le numéro 14 du magazine El Djazaïr (mai 2009). A l'occasion, le premier responsable de la wilaya s'est prononcé sur les plus importants dossiers sur lesquels il s'est engagé lors de son installation. Préparer le 5 juillet 2012 Mohamed Kébir Addou affirme d'abord qu'un programme d'une quinzaine de projets structurants a été tracé. L'ensemble des appels d'offres de réalisation sont prêts. Certains sont déjà lancés, d'autres le seront, avant cet été, précise-t-il. «Nous nous fixons pour objectif de disposer de l'ensemble de ces projets avant le 5 juillet 2012 pour fêter dans la ferveur l'événement majeur que constitue le cinquantenaire de notre indépendance», affirme le wali. Au programme, figure la réhabilitation du centre historique, la revalorisation du quartier comprenant la place des Martyrs, l'Amirauté et le port de pêche, la promenade de l'indépendance qui est un projet urbain qui reliera le sanctuaire des Martyrs à la mer et la mise en lumière des édifices remarquables de la capitale. Il comprend aussi des projets de «ceintures vertes» autour de 23 quartiers périphériques pour limiter le développement territorial d'Alger, requalifier son centre et promouvoir le développement des piémonts blidéens ainsi que le macro-maillage en transport en commun. Le casse-tête du vieux bâti Sur l'état du parc immobilier, M. Addou s'est voulu prolifique. «Il est indéniable que le centre d'Alger commence à vieillir; la grande partie des constructions date de la fin du 19e siècle et du début du 20e», déclare-t-il. Les inondations de Bab El Oued, le séisme du 21 mai 2003, les effondrements sporadiques et les doléances récurrentes des occupants des immeubles ont conduit, précise-t-il, la wilaya, en 2006, «à initier une étude de diagnostic technique et sociologique sur le parc logement des 7 communes de l'hyper centre (Bab El Oued, Alger-Centre, Sidi M'hamed, Belouizdad, El Madania, Hussein Dey, El Harrach).» Selon l'interviewé, les résultats obtenus de l'enquête sont révélateurs. «Cette étude, la première du genre depuis l'indépendance, fait ressortir que la situation du vieux bâti n'est pas aussi alarmante qu'on le dit souvent», affirme-t-il. Ainsi, sur un total de 17 617 bâtisses (78 446 logements), 1,4% des bâtisses (correspondant à 1% du parc total des logements) sont classés comme immeubles menaçant ruine. «Près du tiers de cette catégorie a déjà été pris en charge (soit 86 immeubles évacués sur les 259 diagnostiqués)», assure le wali. A ce titre, il révèle que «les 1030 familles occupant les 155 bâtisses restant à évacuer sont programmées incessamment au relogement». L'étude a fait aussi apparaître que 12 685 bâtisses (soit 72% du parc diagnostiqué) «sont soit en bon état ou présentant des dégradations qui n'appellent pas d'intervention lourde». «Par contre 2678 immeubles englobant 11 672 logements (soit près de 15% du parc logement) sont dans un état de dégradation nécessitant une réhabilitation», annonce-t-il. A ce titre, le wali situe clairement les responsabilités : «Cet état de fait est le résultat d'un manque flagrant d'entretien et de maintenance et de l'absence avérée de toute forme de gestion, que ce soit des immeubles, propriété privée ou en copropriété : seuls 11% des immeubles sont organisés en comités d'immeubles ou en syndic et 4% disposent de conciergeries.» Pour y remédier, M. Addou affirme que la wilaya est disposée, par le biais du fonds de réhabilitation, à apporter une contribution financière à la reprise des parties communes des immeubles. «La principale condition exigée à la libération de ces financements reste l'organisation des occupants de ces bâtisses en comités d'immeuble ou en syndic et à la participation financière des propriétaires», indique-t-on. L'ex-wali de Djelfa se réjouit toutefois du fait que la capitale se soit dotée «d'un véritable état de santé du patrimoine du patrimoine bâti». «C'est une première en Algérie. Reste à en tirer les conclusions opérationnelles en mettant en face de ce diagnostic des projets concrets de réhabilitation», nuance-t-il. L'administration, indique-t-on, met en œuvre une stratégie qui vise à s'attaquer à des espaces restreints «pour enclencher un processus de réhabilitation de l'ensemble du centre historique». M. Addou note deux types de projets retenus : 6 grandes avenues parallèles à la mer (1er Novembre, Zighoud Youcef, Che Guevara, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi, Malika Gaïd) et 7 promenades qui vont des hauteurs de la ville pour déboucher sur la mer. «Pour amorcer ce processus et valider l'ensemble de ses composantes, nous avons décidé de commencer par une opération emblématique celle de la réhabilitation du front de mer d'Alger et 2 zones tests : le boulevard du 1er Novembre, et le square Port-Saïd et ses rues environnantes», ajoute-t-il. Casbah : 10 000 logements attribués depuis l'indépendance La Casbah ? Selon le wali, la vieille ville est devenue «un sas pour obtenir un logement». Près de 10 000 logements ont été affectés à ses habitants depuis l'indépendance à ce jour, mais l'Etat ne réussit toujours pas à intervenir dans le cadre de la réhabilitation des maisonnettes. Le relogement n'a pas suffi, «tout simplement parce que les habitants relogés étaient immédiatement remplacés par de nouveaux occupants», explique M. Addou. En parallèle au recasement des habitants, plusieurs autres opérations ont été engagées. «En réalité, toutes ces actions ne se sont pas suffisantes. La Casbah, à l'instar des autres centres historiques du monde, vit une contradiction majeure : les moyens nécessaires à sa réhabilitation sont colossaux, les occupants, voire les propriétaires sont démunis. C'est pourquoi nous croyons que c'est fondamental d'adapter notre stratégie pour réintégrer la Casbah dans la dynamique économique d'Alger et créer par là même les conditions pour permettre de maintenir les populations sur place», indique-t-il. Pour le moment, la wilaya intervient à deux niveaux : réhabiliter la périphérie de la Casbah (place des Martyrs, rue Ourida Meddad…) et restaurer les édifices se trouvant dans ce périmètre «pour avoir le maximum d'impact sur les populations». Le problème du manque d'hygiène Au regard des décharges sauvages qui pullulent dans tous les quartiers, il est permis de dire que la première ville du pays n'est pas propre. Qu'en pense le wali ? «C'est en effet un débat permanent qui n'est pas exclusif à Alger. Et c'est en même temps un problème complexe où interfèrent plusieurs facteurs liés à la circulation, le stationnement, les comportements des citoyens, la gestion des services publics chargés de l'entretien de la ville dans tous ses aspects», répond M. Addou. Depuis 2004, la question de l'hygiène publique a été une priorité de la wilaya. D'après l'interviewé, au cours des cinq dernières années, les établissements de wilaya en charge de la gestion de l'environnement urbain ont bénéficié d'une enveloppe financière globale de 24 milliards de dinars. Durant cette période, plus de 1500 agents ont été recrutés, portant ainsi l'effectif de ces établissements à près de 10 000 agents, uniquement pour les 28 communes de l'hyper centre (sur les 57 APC que compte la wilaya). Cette mobilisation a permis, selon lui, une augmentation de 20% de la collecte et du transport des déchets ménagers. «Nous ne devons pas toutefois verser dans l'autosatisfaction à l'énumération de ces quelques résultats. Bien au contraire, ce qui reste à faire est considérable et implique tous les acteurs qui animent la ville au quotidien», estime-t-il.