Le pic de l'épidémie de grippe A (H1N1) est passé, ont annoncé les autorités mexicaines, tandis que l'hypothèse selon laquelle le virus ne serait pas plus dangereux que celui de la grippe classique faisait son chemin parmi les experts. Lors de sa conférence de presse quotidienne, le ministre de la Santé José Angel Cordova a présenté un graphique montrant un ralentissement marqué des cas recensés au Mexique, pays le plus touché, depuis le pic du 24 avril. «Les admissions dans les hôpitaux ont régressé et l'état de santé des patients hospitalisés s'est amélioré», a-t-il précisé, faisant état de 590 cas avérés et de 22 décès formellement imputé au virus H1N1, contre 19 la veille. Ces trois décès supplémentaires ne sont dus qu'au rattrapage du retard accumulé dans les examens, a souligné le ministre. «Il s'agit d'un virus totalement nouveau. Nous avons agi de façon décisive, énergique et adéquate», a par ailleurs affirmé le président Felipe Calderon, en réponse à ceux qui accusent les autorités d'une réaction excessive. «Passage au niveau 6, pas la fin du monde», selon l'OMS L'éventuel passage au niveau 6 maximal d'alerte pandémique pour faire face à la grippe porcine ne serait «pas la fin du monde», a affirmé la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, dans un entretien publié hier par le journal El Pais. «Le niveau 6 ne veut pas dire, absolument pas dire, que nous nous approchions de la fin du monde. Il est important d'être clair sur ce point car sinon, si nous annonçons le niveau 6, nous provoquerons une vague de panique superflue», a déclaré M. Chan au journal espagnol. La semaine dernière, l'OMS a élevé son niveau d'alerte en phase 5 sur une échelle de six, appelant mercredi soir les pays à se préparer à une pandémie «imminente» de grippe porcine, qu'elle a baptisée grippe A (H1N1). «La phase 6 ne veut pas dire que tous les pays seraient touchés à la fois, ni que toutes les personnes malades vont mourir. Ni même que dans les pays touchés par le virus toutes les personnes seront contaminées», a insisté la directrice générale de l'OMS. Pour l'instant, «nous sommes dans une phase très précoce de cette nouvelle maladie» et «notre obligation est de maintenir toute l'attention, de toujours ouvrir l'oeil et de ne rien laisser échapper», a-t-elle ajouté. L'OMS chiffrait hier à 985 le nombre de cas de grippe porcine confirmés dans 20 pays, comprenant 590 cas au Mexique dont 25 mortels, ainsi que 226 cas aux Etats-Unis dont un mort. Le Salvador étant le dernier à tomber dans l'escarcelle de la pandémie avec la confirmation dimanche de deux cas. En France, où l'on compte désormais quatre cas avérés après la confirmations de deux autres hier, les autorités ont réaffirmé leur vigilance face à l'épidémie qu'elles jugent maîtrisable en l'état, mais n'excluent pas un scénario à risque à l'automne. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé que la transmission du nouveau virus H1N1 d'un homme à un élevage de porcs annoncée samedi par les autorités canadiennes était un motif de préoccupation qui démontrait la nécessité d'une surveillance accrue des élevages porcins. Pour autant, Joseph Domenech, chef vétérinaire de la FAO, a souligné que cet incident n'avait rien de surprenant et que la consommation de viande de porc ou de produits à base de porc utilisés correctement ne menaçait pas la santé. «Des signes encourageants» Hormis au Mexique et, dans une moindre mesure, aux Etats-Unis où un enfant de nationalité mexicaine est mort après avoir été hospitalisé au Texas, les cas sont relativement bénins. La Grande-Bretagne a annoncé pour sa part que l'épidémie était contenue. Les scientifiques continuent d'affiner leurs connaissances du nouveau virus H1N1, qui contient des gènes de virus connus de la grippe porcine, de la grippe aviaire et de la grippe humaine. Ils tentent également de déterminer la virulence de la maladie comparée à la grippe traditionnelle, qui fait chaque année 250 000 à 500 000 morts à l'échelle mondiale. «Nous avons des signes encourageants sur le fait que ce virus ne semble pour l'heure pas plus virulent qu'une souche de grippe saisonnière», a relevé le Dr Richard Besser, qui dirige les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). «Nous ne sur-réagissons pas à cette épidémie», a-t-il poursuivi, justifiant les mesures et recommandations mises en oeuvres aux Etats-Unis, deuxième pays le plus touché avec 226 cas confirmés. A ce stade, l'épidémie de grippe A (H1N1) reste très limitée comparée à celles de l'hépatite ou des méningites, mais elle a d'ores et déjà entraîné d'importants bouleversements dans les transports aériens. Elle a en outre donné lieu à un incident diplomatique entre la Chine et le Mexique. Pékin a suspendu ses vols vers le Mexique et ordonné le placement en quarantaine d'une cinquantaine de Mexicains, après confirmation d'un cas de grippe A parmi eux. La ministre mexicaine des Affaires étrangères a dénoncé une mesure discriminatoire. «Les mesures en question ne sont pas dirigées contre les citoyens mexicains et il n'y a pas de discrimination», a assuré en réponse le ministère chinois des Affaires étrangère. «Il s'agit purement d'une mesure de quarantaine médicale», poursuit-il, invitant les autorités mexicaines à la compréhension, à l'objectivité et au calme.