La série de vols et d'agressions perpétrés, ces derniers temps, à l'encontre des lycéens, collégiens et écoliers enregistre une ascension inquiétante. Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leurs établissements, les élèves ne se sentent plus en sécurité. C'est ainsi qu'il ne se passe plus une semaine sans que des cas de vol à la tire, d'agression à l'arme blanche ou carrément d'attaque à la bombe lacrymogène ne soient signalés. Comme si les malfrats, organisés en gangs, agissent en toute impunité. Le cas le plus édifiant est celui de cette fillette âgée de 7 ans kidnappée, le 28 avril dernier à Dar El Beïda, et retrouvée dans un état psychologique lamentable dans un hangar abandonné à El Eulma dans la wilaya de Sétif. Cette écolière, qui se dirigeait vers son établissement, a été appréhendée par un individu qu'elle connaissait apparemment. Le malfrat demanda une rançon de 500 millions de centimes contre la libération de la fillette. Les cas se rapportant aux vols et aux agressions à l'encontre des lycéens et des collégiens se multiplient de jour en jour. Au CEM Chakib Arslane situé au chemin Makley, à Ben Aknoun, une collégienne a été délestée de son téléphone portable au seuil même de de son établissement. Ce n'est malheureusement pas le seul cas, puisque, selon un parent d'élève, cinq agressions et vols ont été signalés au niveau de cet établissement en l'espace d'une semaine. Irrité par ce déferlement de violence, notre interlocuteur signalera qu'un pickpocket, intercepté « en flagrant délit » par un groupe de collégiens aux abords de l'établissement puis roué de coups , a tiré de ses poches deux couteaux à cran d'arrêt menaçant les potaches . L'insécurité qui règne dans ce quartier, réputé calme et paisible, a poussé de nombreux parents d'élèves à interpeller les autorités locales et les responsables des services de sécurité afin d'intervenir. En vain. Sagit-il alors d'un manque d'agents de sécurité ? Ce climat de peur et de frayeur n'est pas propre au CEM Makley puisque la quasi-totalité des établissements scolaires de la capitale et des autres villes du pays font face au même phénomène. Au lycée Amara Rachid, à Ben Aknoun, des étrangers à l'établissement ont été aperçus « rôdant » à l'intérieur même des salles de classes. La drogue et les psychotropes, nous disent des lycéennes, sont écoulés sous le manteau par des dealers qui profitent de la détresse des lycéens afin de les introduire dans le circuit de la consommation. Des « frimeurs », installés dans leurs bolides à coups de centaines de millions de centimes, s'adonnent aux jeux de vitesse mettant la vie des potaches en danger. Par ailleurs, trois jeunes lycéennes ont été agressées au sortir de cet établissement par des individus. L'une d'elles a été même délestée de son téléphone portable « high tech ». Les parents d'élèves dénoncent la passivité des responsables des établissements. Au lycée Ali Amar de Ben Omar, témoigne un enseignant, un lycéen a été même délesté de sa paire de chaussures de sport « haut de gamme » qu'il venait d'acquérir. Les lycéennes ne sont pas en reste puisqu'elles sont les victimes des pickpockets et ont fait l'objet de vol de leurs biens précieux et d'agressions. D'autres ont été délestées de leurs téléphones portables par des malfrats installés derrière la clôture qui longe la voie vers Hussein Dey. « A Ben Omar, il n'y a aucune sécurité. Les malfrats ont toute latitude d'accomplir leurs sales besognes. » La station urbaine de Ben Omar réputée pour être, selon notre interlocuteur, le fief des pickpockets. est située à environ 200 m du siège de la sûreté urbaine. Contactée, Mme Khiar, présidente de l'association des parents d'élèves de la wilaya d'Alger, affirme que la situation est « quasi alarmante ». Elle touche pratiquement l'ensemble des établissements scolaires de la wilaya d'Alger. Le découpage administratif est, d'après notre interlocutrice, une des causes de la recrudescence des cas de vol et d'agression. « Etant donné l'éloignement, les lycéens sont dans l'obligation de sortir tôt le matin pour regagner leurs établissements, ce qui fait qu'ils ne sont pas à l'abri des actes d'agression. » Invitée à donner des exemples concrets, Mme Khiar affirmera qu'à Kouba, une lycéenne a été agressée à l'arme blanche alors qu'une autre a été délestée de son téléphone portable et de l'ensemble de ses bijoux (chaînes, bagues, gourmettes, boucles d'oreilles) par un groupe composé de quatre malfaiteurs . « Nous avons tiré la sonnette d'alarme et interpellé les services de sécurité afin qu'ils installent des brigades à proximité des établissements scolaires à l'entrée et à la sortie des classes pour la sécurité des élèves, ce qui a été fait », dira-t-elle. Cela, ajoute-t-elle, n'a pas pour autant diminué la recrudescence des actes d'agression et de vol. Pis, ajoute notre interlocutrice, les malfrats s'éloignent à la vue des forces de sécurité et reviennent à la charge une fois que ces derniers quittent les lieux. Interpellé, l'adjoint du chef du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale, le commandant Athmani, attestera qu'aucune plainte n'a été déposée pour « vol ou agression » à l'intérieur des établissements scolaires situés dans les zones rurales ou semi-rurales de la capitale. Quant aux délits commis à l'extérieur des établissements, classés délits de droit civil, notre interlocuteur précise qu'ils sont « insignifisants ». Interpellé, un responsable au niveau de l'académie d'Alger affirmera n'avoir « rien à déclarer » ni « aucune information à fournir à ce sujet ».