Ecrivain à succès, militant des droits de l'homme, presque trente ans de carrière aux Nations unies et maintenant candidat du Parti du congrès aux législatives, l'Indien Shashi Tharoor souhaite rejoindre la politique pour agir. Ses détracteurs ont moqué son manque de maîtrise de sa langue maternelle, sa faible résistance à la chaleur et son anglais châtié. Ses lecteurs et admirateurs - de mauvaises langues diront admiratrices - espèrent le voir un jour à la tête du pays. Shashi Tharoor, nouveau candidat du Congrès dans l'Etat du Kerala pour les prochaines élections législatives, n'en demande pas tant : «Avoir le pouvoir de prendre des décisions et donner forme aux politiques du pays au sein du Parlement indien me semble déjà un bon pas.» Ce diplomate de renommée internationale, prétendant malheureux au poste de secrétaire général des Nations unies, brillant élève issu d'écoles prestigieuses de Bombay, Kolkata et New Delhi, écrivain prolifique et essayiste, activiste pour les droits de l'homme, a fait du bruit en lançant sa candidature aux élections législatives avec le soutien du Parti historique de l'indépendance de l'Inde. Il explique : «Je me suis rendu compte que mes essais politiques sur l'Inde, sur la diplomatie, mes chroniques étaient finalement plus lues que mes romans. Je me suis dit qu'après avoir autant écrit et critiqué ce qui n'allait pas, il était peut-être temps d'agir.» Les tempes grisonnantes, le sourire ravageur, le trait d'esprit facile, il porte son pyjama-veste à la Nehru avec la nonchalance de rigueur. Il fait rire son audience et explique comment il se propose «de faire la différence avec les autres candidats». Malgré ses critiques véhémentes contre le Congrès et ses habitudes dynastiques, il soutient «ce parti bien implanté qui sait reconnaître ses erreurs» plutôt que de jouer l'indépendant car l'accès au Parlement est essentiel pour lui. C'est un retour aux origines pour ce Kéralais né à Londres en 1956 : «En Inde, être membre du Parlement signifie jusqu'à présent lutter uniquement pour sa région, son ethnie, voire sa religion. Pour certains, c'est surtout l'occasion d'enrichir ses propres intérêts. Ce n'est pas mon cas.»