En l'espace de quelques heures, le prix du rond à béton a augmenté d'une manière spectaculaire. Le coût du quintal est passé du jour au lendemain de 4200 à 5000 DA. L'on parle d'une fuite de gaz détectée au complexe d'ArcelorMittal, il y a deux mois, qui a provoqué l'arrêt intégral des unités de production du complexe d'El Hadjar. Selon des distributeurs, cette information aurait été à l'origine de la flambée des prix de ce matériau de construction. Cette explication n'est pas celle que retient le président de l'Union nationale des entrepreneurs des bâtiments (Uneb), Ahmed Bengaoud, qui a donné une autre version. Selon lui, la hausse du rond à béton est conséquente à l'actuelle crise économique mondiale. M. Bengaoud, que nous avons joint hier par téléphone, nous a expliqué que «contrairement au ciment qui est un produit local et dont la crise est associée aux problèmes du pays, le rond à béton est importé. Et comme beaucoup d'autres produits importés, il est affecté par les retombées de la crise mondiale». M. Bengaoud nous apprend que 70% de nos besoins en rond à béton sont importés. «Tant que le marché algérien restera ouvert aux importations, le prix du rond à béton ne cessera d'augmenter, il pourrait même atteindre les 6000 DA le quintal en peu de temps». On sait, en effet, que le prix de ce matériau a connu en 2008 une très forte hausse, atteignant 10 000 DA le quintal. «Ce qui nous fait dire qu'il est fort possible que le prix augmente dans les tout prochains jours et pourrait dépasser facilement le prix actuel». Le secrétaire général de l'Association générale des entrepreneurs (AGE), Belkacem Mezine, parle, quant à lui, de «duperie». D'après ses dires, les spéculateurs profitent de la rumeur selon laquelle ArcelorMittal est affecté par les conséquences de la crise économique pour faire grimper les prix de la ferraille sur le marché des matériaux de construction. «Il n'y a aucune raison valable pour que le prix du rond à béton soit à la hausse», souligne-t-il, précisant que «la quantité du fer importé n'a pas baissé puisque nous importons toujours les 70% de nos besoins». M. Mezine estime que ces spéculateurs sont en train de manipuler le client et qu'ils sont arrivés à lui faire admette d'acheter ce matériau à un prix exorbitant, sous prétexte que les retombées de la crise économique n'ont épargné aucun produit. Il pense également que le prix n'augmentera pas dans les prochains jours. Mieux encore, il prédit même une baisse pour atteindre les 4200 DA. «Entre-temps, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette duperie. Nous n'avons pas le moyen de le faire. Les régulateurs publics, quant à eux, peuvent empêcher ces spéculateurs qui ne ratent aucune information pour jouer avec les prix à leur guise.»