Pour freiner les pratiques spéculatives, les pouvoirs publics envisagent comme solutions des conventions entre les cimenteries et les distributeurs ainsi que l'actualisation des couts des marchés à travers une revision de l'indice des prix, voire des subventions. Le marché des matériaux de construction connaissent ces derniers mois de sérieuses perturbations. La couverture des besoins nationaux en les trois principales matières premières, à savoir le bois, le rond à béton et le ciment est toutefois assurée. Pour le bois, la demande nationale estimée à 1,6 million de m3 est satisfaite à l'importation. Pour le rond à béton, les besoins, de l'ordre de 2 millions de tonnes, sont couverts de façon combinée à travers une production locale de 370 000 tonnes et une importation évaluée à 950 000 tonnes en 2007. Compte tenu des prix pratiqués sur le marché international, il n'y a pas eu d'importation de ciment. La demande nationale est assurée complètement par les 14 cimenteries en activité sur le territoire national. Celles-ci produisent 8 millions de tonnes, alors que les besoins sont de 15 millions de tonnes/an. En termes de volume commercialisé en 2007, la production réelle n'a pas dépassé 11,5 millions de tonnes. C'est par ces propos que M. Ouali Yahiaoui, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, résume la situation du marché des matériaux de construction. Selon lui, le bois ne fait plus l'objet ni de spéculation ni de rétention ou de quelconque insuffisance. Les prix du bois, tous types confondus, se situent autour de 27 000 DA/m3. La démarche est, cependant, toute autre pour le rond à béton. “Actuellement, nous faisons face à un déficit criant dans la prise en charge de la demande. Cela est dû, entre autres, à la production du complexe d'El-Hadjar de 350 000 tonnes, alors que ses capacités installées sont de l'ordre de 800 000 tonnes”. Si l'on ajoute la production d'une aciérie implantée à El-Tarf, estimée à 17 000 tonnes, l'offre globale avoisine ainsi les 370 000 tonnes, alors que les besoins sont de 10 millions de tonnes. Cette différence est couverte en partie par l'importation. Or, les prix du rond à béton ont connu une hausse sur le marché mondial. Le quintal est cédé à 60 euros. Si l'on additionne les droits et taxes, le fret estimé en 120 et 130 dollars/tonne et les marges d'intervention, les prix pratiqués sur le marché intérieur se situant entre 7 500 DA et 9 500 DA, explique M. Yahiaoui, ne sont pas des tarifs spéculatifs. “Une pénurie de fer rond à béton enregistrée” Devant une telle situation, le gouvernement opte, indique le DG, pour deux mesures d'ordre technique. Il y a l'idée de la subvention du rond à béton comme première solution. La seconde, qui semble la plus efficiente pour M. Yahiaoui, a trait à la révision des indices des prix à même de permettre d'actualiser les contrats de réalisation signés entre les entrepreneurs et les responsables des ouvrages. Pour plus de précisions, le représentant du département du Commerce affirme sur les ondes de la radio Chaîne III : “Les entrepreneurs ont souscrit leur marché à un coût donné. En outre, les prix du ciment et du rond à béton ont augmenté sur le marché local. Pour ne pas gêner ces opérateurs dans leur gestion financière et leur permettre de poursuivre leurs réalisations dans de bonnes conditions, ils bénéficieront d'une actualisation des coûts des marchés afin de les mettre à l'abri de toute perte.” Ainsi, il est prévu une révision des indices des prix des matériaux de construction ; décision prise au sein de la Commission nationale des marchés. D'autres solutions sont, en revanche, envisagées pour le ciment. La production nationale est livrée à raison de 45% aux entreprises de réalisation. Les 55% restants sont affectés aux distributeurs dont le nombre avoisine les 33 000 intervenants. Le gouvernement a décidé donc de mettre en place des conventions entre les cimenteries et les entreprises de réalisation qui définiront les droits et obligations des deux parties. Deux clauses cardinales sont de ce fait mises en exergue dans ce type d'accord. Il s'agit d'abord du respect des conditions de distribution et celui des prix pratiqués sur le marché. Ceux-ci seront fixés d'un commun accord entre l'entreprise qui livre le ciment et le distributeur. Des sanctions sont même prévues en cas de non-observation de ces conditions. Le distributeur contrevenant fera l'objet d'une suspension de la convention et sera poursuivi par les services de contrôle du ministère du Commerce. Par ailleurs, le département de M. El-Hachemi Djaâboub est en train d'étudier un autre dispositif pour fixer les marges de gros et de détail de ces matériaux de construction. Ce travail se veut en fait une application de la loi 03-03 relative à la concurrence et qui organise les mécanismes de fixation des prix de certains produits de première nécessité ou stratégique. Un projet de décret est à ce propos en voie d'élaboration et sera, selon M. Yahiaoui, transmis dans les toutes prochaines heures au secrétariat général du gouvernement pour examen et adoption. Pour le prix du sac de ciment, M. Yahiaoui parle d'un ordre de grandeur de 100 DA qui seront répartis entre la marge de gros et celle du détail. Le prix moyen TTC sorti d'usine étant en moyenne de 220 DA le sac de 50 kg, et en ajoutant les marges qui ne sont pas encore arbitrées de 100 DA, le tarif ne dépassera pas en principe 320 DA sur le marché intérieur. La mise à l'arrêt technique de 5 cimenteries pendant une période de deux mois a engendré néanmoins un manque à gagner de 1,3 million de tonnes, alors que les chantiers lancés dans le cadre des différents plans de développement atteignent leur vitesse de croisière. Résultat des courses : la demande en matériaux de construction a connu une poussée qui n'a pas pu être couverte. Notre pays ne peut pas importer du ciment car les coûts restent élevés et son prix de revient en Algérie attendrait environ 500 DA le sac. En dépit de ces perturbations, le sac de ciment se négocie, selon M. Ouali Yahiaoui, aux alentours de 450 DA. Badreddine KHRIS