«Le tabagisme reste la première cause de cancer du poumon, maladie qui fait plus d'un million de morts par an». C'est ce qui ressort du 3e cours d'oncologie thoracique organisé hier à la faculté de médecine d'Alger par la Société algérienne de pneumo-phtisiologie (SPLF), en collaboration avec le Groupe d'oncologie thoracique de langue française (Golf). Le cours qui devrait prendre fin aujourd'hui est assuré par des enseignants en médecine spécialistes en pneumologie, oncologie, chirurgie, radiothérapie, anatomopathologie, radiologie et médecine interne. Le cancer du poumon est la première cause de mortalité chez les hommes en Algérie et dans le monde entier. Chaque année, un million et demi de nouveaux cas de cancer du poumon sont enregistrés dans le monde. En Algérie, 3 000 nouveaux cas sont recensés annuellement, chiffre en augmentation par rapport à celui enregistré en 2007 qui faisait état de 1 390 nouveaux cas. Outre le tabagisme qui est responsable de plus de 90% des cas, la pollution atmosphérique et l'amiante sont également les facteurs de risque les plus importants. Selon le professeur Salim Nafti, chef de service des maladies respiratoires au Centre hospitalo-universitaire de l'hôpital Mustapha Bacha, la pollution domestique est également parmi les facteurs les plus importants : les fumeurs ont souvent tendance à fumer à l'intérieur des maisons, engendrant ainsi des fumeurs passifs qui constituent 15% des cas de cancer enregistrés. Le rôle du tabagisme passif est prouvé, il multiplie par trois le risque de cancer du poumon. Aux Etats-Unis et en Europe, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures pour lutter contre le tabagisme, alors qu'en Algérie, les textes officiels concernant l'interdiction de la cigarette dans les lieux publics sont encore dans les tiroirs. Les dispositions réglementaires prises ne sont en effet pas encore appliquées. Le décret 01 285 du 24 septembre 2001 fixant l'interdiction du tabac dans les lieux publics et ses modalités d'application n'a pas encore été mis en application. En Algérie, la consommation de cigarettes est passée de 7 050 tonnes en 1965 à plus de 17 000 tonnes en 1995. 15 000 décès liés au tabagisme ont été enregistrés en Algérie l'année dernière, dont 7 000 infarctus du myocarde, 4 000 cancers bronchiques et 2 000 insuffisances respiratoires. Selon une étude menée dans les entreprises dans le cadre de la lutte antitabac, 45% de la population active fume. Le professeur Nafti a insisté, par ailleurs, sur le diagnostic précoce du cancer du poumon qui permet de prendre en charge le malade dans de bonnes conditions. «Plus le diagnostic est établi tôt et plus le patient a des chances de guérir» a-t-il indiqué. En outre, il y a lieu de rappeler qu'un centre de consultation est mis en place au dispensaire anti-tuberculeux (DAT), en face de l'hôpital de Mustapha Bacha. Cette consultation spécifique vise à aider les fumeurs à cesser de fumer.