Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a annoncé hier qu'une troisième personne qui serait impliquée dans l'attentat du musée du Bardo est en fuite. Dans une interview à la télévision française i Télé et à radio Europe1, un direct depuis le musée du Bardo, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré que «sûrement, il y en avait trois (…). Ils sont identifiés et filmés par les caméras de surveillance (…) Deux ont été exécutés, mais un troisième est en fuite», a-t-il déclaré, précisant que «de toute façon, il n'ira pas très loin». Interrogé sur l'avancée des investigations sur les auteurs de cette attaque revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique (EI), le président Essebsi a indiqué : «A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels. Nous avons demandé au peuple (de nous aider à l'arrêter) parce que le peuple est lui-même concerné». Des images de vidéosurveillance enregistrées le jour de l'attaque et diffusées samedi soir montraient deux hommes armés de kalachnikov évoluant dans le musée. Ces deux assaillants ont été identifiés par les autorités comme étant Jabeur Khachnaoui, un lycéen originaire de la région de Kasserine (centre-ouest), et Yassine Laabidi (Abidi), 27 ans, dont la famille vit dans le Grand Tunis. Formés au maniement des armes en Libye selon le gouvernement, ils étaient connus des services de police. Samedi dernier, le ministère tunisien de l'Intérieur avait annoncé qu'un avis de recherche avait été lancé à l'encontre de Maher Ben Mouldi Kaïdi, soulignant qu'il s'agissait d'un «élément terroriste dangereux (…) recherché dans le cadre de l'opération terroriste». Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat s'il s'agissait du troisième auteur de l'attentat en fuite évoqué par le président. A la question sur la possibilité de failles dans la surveillance du musée du Bardo, le président tunisien a répondu d'un ton ferme : «Ce n'est pas la foire ici, on n'entre pas comme ça. Mais il y a eu des dysfonctionnements, l'enquête est en train de les déterminer», avant d'ajouter que les responsables «auront affaire à l'administration». Quatre jours après l'attaque meurtrière qui a coûté la vie à 23 personnes, le président tunisien affirme assure que «toute la Tunisie est traumatisée. Le gouvernement va poser une stèle avec les noms de tous ceux qui ont disparu. Il y aura une marche de tous les Tunisiens vers le Bardo d'ici le 29 mars». Dans le cadre de la lutte antiterroriste, Essebsi souligne que «le modèle de la Tunisie est le contre-modèle de ces gens-là. Tant que nous serons là, nous serons debout et nous défendrons notre modèle de société et nos acquis. Il n'est pas question que l'on recule devant ce fanatisme».
«Tout le monde est concerné» Le Président tunisien qui promet ainsi une lutte «sans pitié» contre le terrorisme assure toutefois que ce dernier que «n'a pas de tradition en Tunisie». «C'est un terrorisme régional», justifie-t-il. «Nous sommes en train de le combattre et les choses vont mieux maintenant, mais cela doit intéresser tous les pays de la région» poursuit Essebsi. La Tunisie fournissant le plus gros contingent de combattants étrangers au sein des rangs des groupes terroristes et de l'EI en Irak et en Syrie, le Président a estimé que le phénomène était récent. «Cela remonte aux trois dernières années», a-t-il précisé, alors que les services de renseignement estiment à environ 500 le nombre de personnes revenues en Tunisie. «Cela nous préoccupe. Ces gens qui sont revenus de Syrie ou d'ailleurs ne sont pas des enfants de chœur. Quel choix s'offre à nous ? Ou on les met en prison, ou on les tue, ou on les surveille. Quand on les surveille, il y a toujours des défaillances», a déploré le Président. «Il faut que tout le monde comprenne que le terrorisme n'est pas uniquement une affaire tunisienne. Tout le monde est concerné, il n'y a pas un pays qui ne le soit pas», a-t-il estimé.