Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a affirmé, hier, à la télévision iTélé et à la Radio Europe 1 qu'un troisième auteur de l'attentat du musée du Bardo qui a fait 21 morts était en fuite. «Sûrement, il y en avait trois (...) Deux sont exécutés, mais il y a en a un qui maintenant court un peu», a déclaré le président. Répondant à un journaliste qui lui demandait si cet homme était en fuite, il a dit: «Encore (en fuite). De toute façon, il n'ira pas très loin.» Selon l'autorité judiciaire, l'enquête sur l'attentat du Bardo avançait bien, trois jours après l'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), qui a coûté la vie à 20 touristes étrangers et un Tunisien. «Le dossier est chez le juge d'instruction. Il y a des développements mais pour préserver le secret de l'enquête et son efficacité, nous préférons ne donner aucun détail», a dit, avant-hier, le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti. Plus de dix personnes impliquées de manière directe ou indirecte dans l'attaque, parmi elles des gens ayant apporté un soutien logistique, ont été arrêtées, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui. En revanche, il n'a donné aucune indication sur leur identité. M. Aroui n'a pas non plus souhaité dire si les neuf personnes dont les arrestations ont été annoncées jeudi figuraient parmi les interpellations dont il a fait état samedi. Par la suite, le ministère a indiqué avoir lancé un avis de recherche contre un Tunisien, «Maher Ben Mouldi Kaïdi», pour son implication présumée dans l'attaque. Le père, les deux frères et la sœur de l'un des assaillants, Jabeur Khachnaoui, ont, eux, été relâchés, selon une source policière et un proche du tireur du Bardo. Dans une interview publiée samedi sur le site internet de l'hebdomadaire français Paris Match, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a admis qu'il y avait eu des «défaillances» dans le dispositif de sécurité. «En amont, la police et le renseignement n'ont pas été assez systématiques pour assurer la sécurité du musée», a-t-il dit. Il a souligné, cependant, que les services de sécurité «ont réagi de manière très efficace pour terminer rapidement l'attaque au Bardo, évitant certainement des dizaines de morts supplémentaires si les terroristes avaient pu déclencher leurs ceintures d'explosifs.» Des djihadistes ralliés à l'EI avaient menacé la Tunisie d'attaques ces dernières semaines et, selon les autorités tunisiennes, près de 500 Tunisiens ayant combattu en Syrie, en Irak ou en Libye sont de retour chez eux. Les deux auteurs de l'attentat, formés au maniement des armes en Libye selon Tunis, étaient connus des services de police. Dans le même sillage, les 20 étrangers tués, ont finalement été identifiés par les autorités tunisiennes ainsi qu'un policier tunisien. Le chef du service de chirurgie de l'hôpital Charles-Nicolle, Chadli Dziri, a indiqué, hier, que le pronostic vital restait engagé pour une des 43 blessés, une touriste française touchée à l'abdomen et au fémur. Le médecin a souligné que l'état de certains blessés témoignait de l'acharnement des tireurs: «c'était des balles tirées sur des personnes en fuite, des balles dans le dos, au niveau des membres».