Malik N. est un jeune qui prépare le bac 2009 et qui a failli le passer à l'université de «Quatre HA» s'il avait été condamné à la prison ferme samedi. Un sacré procès à El Harrach samedi où les acteurs sont des bagarreurs et des hommes de droit. Le détenu premier inculpé de coup et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche n'avait pas le beau rôle, lui, qui a le bac 2009 à passer dans quelques jours et qui est en taule. C'est pourquoi son avocat, Maître Berrouadh Lamouri, sort de sa grosse gibecière «centenaire» tous les subterfuges pour émouvoir un tant soit peu Fella Ghezloune, la rude juge d'El Harrach (cour d'Alger). Cette dernière, qui était passée elle aussi par ce chemin emprunté par Malik N., 19 ans, le chemin du bac (évidemment pas l'autre), va écouter avec beaucoup d'attention en préparant, au plus profond de ses tripes, une opération «savon» que l'inculpé n'est pas près d'oublier de sitôt et un savon mérité. «On prépare le bac, ou on se bat ?», dit la présidente qui ne s'attendait pas du tout au silence du détenu «démonté» par cette maudite détention préventive de trois nuits : mercredi, jeudi et vendredi. - «Bon. Le tribunal espérait une réponse édifiante. Vous êtes libre de vous taire», lance la présidente. - «Je suis confus depuis que j'ai vu mes parents dans la salle, j'ai honte de les avoir salis par mon stupide geste. Vraiment, je regrette de m'être jeté dans la bagarre avec mon copain Salim F. qui est lui aussi plus victime que moi», balance le détenu qui voit son avocat lui sourire. Ghezloune se tourne vers Salim F. 23 ans et dit : «Et vous, vous préparez aussi le bac ?» - «Non Madame la présidente, je l'ai passé trois fois, sans résultat.» - «Donc, vous êtes à la ‘'fac'' des rixes ?» ironise la présidente. Kenas, le représentant du ministère public, ricane en se tenant le menton en attendant d'intervenir. Les victimes étant absentes à la barre, Maître Lamouri est invité à défendre le lycéen en danger de ratage d'examen dans moins d'un mois. Affichant son plus beau sourire, Maître Lamouri désigne la juge comme étant la première «fan» du détenu. «En lui infligeant une peine assortie du sursis ou mieux une amende, vous seriez alors le déclic pour que Malik se prépare pour le bac, l'obtienne et vous le dédie.» Puis, se tournant vers Kenas, «votre pouvoir de l'opportunité des poursuites ne devrait pas vous pousser à demander la prison ferme. Je suis d'accord avec vous : trois ans de prison mais assortis du sursis qui restera comme une épée au-dessus de sa tête et lui apprendra à ne plus se battre, ni avant ni après le bac, ni même pendant», a chantonné l'avocat qui était ravi du verdict qu'il avait appelé de toutes ses forces.Et le sourire, le dernier de l'audience, c'est Ghezloune qui l'avait affiché.