Les détenus de droit commun du centre pénitentiaire d'El-Harrach ont eu la possibilité de passer leur baccalauréat au même titre que les candidats scolarisés, comme le prévoit la loi de la réforme pénitentiaire de l'année 1972. Pour des raisons liées à la situation sécuritaire de notre pays, cette loi n'a pas été mise en œuvre depuis de nombreuses années. Il a fallu attendre l'année 1999 pour que ces textes soient appliqués. Ils sont environ une centaine de prisonniers, dont l'âge varie entre 25 et 45 ans, à passer leur baccalauréat cette année dans quatre centres de rééducation et réadaptation des wilayas de Sidi Bel Abbès, d'Annaba, de Batna et d'Alger. “Pour la première session de baccalauréat, juin 2003, nous avons eu d'excellents résultats, dans trois centres pénitentiaires. Nous avons 30 candidats sur 37 qui ont eu leur bac, c'est-à-dire plus de 75% de bacheliers à la prison d'El-Bouni, dans la wilaya de Annaba”, déclare Mme Hadad, directrice de la direction des centres de rééducation et réadaptation. C'est à la prison d'El-Harrach que nous avons décidé de couvrir la dernière journée du baccalauréat. Il était 14 h lorsque nous avons franchi le portail de ce centre pénitentiaire. C'est escortée par M. Boumaïza, directeur du centre d'El-Harrach, et quatre autres officiers, que nous avons pu entrer au centre d'examen et nous approcher des candidats détenus. En effet, ils sont 18 élèves prisonniers, dont 17 hommes et 1 femme, à passer leur bac cette année dans la wilaya d'Alger, 10 dans la filière sciences humaines et 8 dans la série sciences et technologie. “Cela fait trois ans que nous organisons les examens du baccalauréat en collaboration avec l'académie de la wilaya d'Alger, et nous avons enregistré d'excellents résultats. L'an dernier, on a eu même un lauréat félicité par le ministre pour avoir eu une moyenne générale supérieur à 14, maintenant, ce prisonnier poursuit ses études à l'université”, déclare M. Boumaïza. Concernant les conditions d'examen dans le centre d'incarcération d'El-Harrach, il semblerait que tout se déroule bien. Un responsable de ce centre d'examen et des surveillants détachés par l'académie de la wilaya d'Alger sont présents pour assurer le bon déroulement des épreuves. “C'est la première fois que je participe à la surveillance des candidats détenus. Et durant mes 15 ans d'expérience, je n'ai jamais vu des élèves aussi disciplinés”, nous dira une surveillante. Par ailleurs, les candidats n'ont relevé aucun dysfonctionnement dans la procédure d'examen. “J'ai 27 ans et je passe mon bac pour la première fois. J'ai dû reprendre mes études en prison dès la première année secondaire. C'est la seul chance que j'ai pour pouvoir me réintégrer dans la société”, nous confia B. Nadir un détenu. Interrogé sur les épreuves du bac, celui-ci nous répond : “Les sujets étaient abordables, c'est ce que nous avons étudié durant l'année.” Il est à signaler que Nadir prépare en parallèle un diplôme en comptabilité. Un autre candidat nous dira : “La blouse blanche est le seul moyen d'avoir la paix dans un milieu d'incarcération, et on peut jouir d'un traitement de faveur.” “Les sujets étaient faciles, car nous avons eu des cours de rattrapage durant l'été” affirmera G. Mourad qui a pour but de s'inscrire en licence de droit des affaires. À la sortie du centre d'examen, le directeur nous a fait faire le tour des salles d'études et des classes de centres de formation. “Nous avons mis à la disposition des détenus plus de 10 000 livres, afin de leur permettre une bonne révision”, dira M. Boumaïza. Notons que les futurs bacheliers auront le droit de s'inscrire à l'université continue ou de faire une demande au ministère de la Justice pour l'obtention de la liberté conditionnelle, ou encore de la semi-liberté, afin de pouvoir s'inscrire à la faculté de leur choix. Enfin, rappelons que plus de 250 élèves, tous cycles confondus, poursuivent leurs études dans le centre de rééducation et réadaptation d'El-Harrach N. A.