Interrompue depuis le 13 mai dernier, la connexion Internet vient d'être rétablie en faveur de l'EEPAD par l'entremise de l'entreprise publique Algérie Télécom (AT). Mais le conflit risque de perdurer si les négociations engagées entre les deux parties n'aboutissent pas. Si AT a procédé au rétablissement des liaisons pour son client, elle pose tout de même un ultimatum et prévient, par la voix de son P-DG, Moussa Benhamadi, que l'EEPAD est tenue de régulariser sa situation d'ici le 26 mai 2009. Dans le cas contraire, l'entreprise publique Algérie Télécom coupera définitivement la connexion et ne procédera à son rétablissement qu'après " règlement intégral de l'ensemble des sommes dues conformément à l'échéancier établi par les deux parties ". Dans son communiqué de presse diffusé hier, Algérie Télécom réfute l'idée de son implication dans les désagréments subis par les clients de l'Eepad suite à cette suspension de l'accès à Internet. Tout en s'excusant auprès des milliers d'abonnées privés de la connexion ADSL qui se sont retrouvés victimes du conflit entre les deux opérateurs, AT tient à préciser qu'étant une entreprise commerciale, elle se doit, pour sa survie, de récupérer son dû. "AT n'est pas une vache à traire" a affirmé Abdelmadjid Meziani, directeur de la communication. Algérie Télécom annonce qu'elle détient, à la date du 30 avril 2009, 2,6 milliards de dinars des créances au titre des différentes prestations qu'elle a fournies à l'EEPAD, et 600 millions de dinars "en cours de validation entre les deux parties". «Avant avril 2008» Le communiqué précise que, bien avant la décision de réduction des tarifs d'Internet à hauteur de 50% par l'Etat, "les créances d'AT sur l'EEPAD étaient déjà de 1,5 milliard de DA". Une précision apportée par AT en guise de démenti aux déclarations du P-DG de l'EEPAD, Nouar Harzallah, qui avait imputé le non-paiement des factures à la situation difficile de son entreprise qui fait face à des pertes "colossales" depuis la décision du gouvernement de baisser de 50% les tarifs d'accès à Internet le 20 avril 2008. M. Meziani fait remarquer que plus de 60% de ces créances datent d'avant avril 2008. Ce n'est pas la première fois que l'EEPAD demande un échéancier de paiement, alors qu'AT a toujours fait l'effort de temporiser en attente d'un règlement des factures. Le P-DG d'Algérie Télécom a expliqué la nouvelle politique de son entreprise dans la gestion des créances détenues sur les ISP (Internet Service Provider). Le conseil d'administration a pris une résolution qui demande au P-DG d'AT de "procéder à la récupération de l'ensemble des créances détenues par les ISP" et, dans le cas où il n' y a pas de paiement, "procéder à la suspension des services et engager des poursuites judiciaires contre ceux qui refusent de payer." Par ailleurs, des pénalités vont être imposées aux ISP "ayant des dettes envers AT et ayant bénéficié au préalable d'un échéancier de payement". Pour l'instant, cette procédure n'a pas été appliquée pour ne pas enfoncer davantage ces ISP. Les engagements sans suite de l'EEPAD Samedi dernier, le P-DG de l'EEPAD a affirmé dans une conférence de presse avoir honoré 80% des dettes détenues par AT sur son entreprise, laquelle s'est engagée à respecter un échéancier de payement dont la date limite a été fixée à fin mai 2009. M. Harzallah a précisé que, contre toute attente, "AT nous a suspendu ses services" alors que la date butoir n'a pas été atteinte. Algérie Télécom, pour sa part, nie "les allégations" du P-DG de l'EEPAD qu'il accuse de n'avoir pas donné suite à ses engagements. M. Benhamadi est revenu brièvement sur les relations de son entreprise avec l'EEPAD, expliquant que la société EEPAD a demandé et obtenu un échéancier de paiement qui lui a été accordé et suite auquel un accord a été signé par les deux parties le 13 avril 2009. La première échéance a été fixée pour le 5 du même mois et ce, pour un versement de 430 millions DA, suivi par des versements mensuels comprenant une somme de 50 millions DA au titre des créances antérieures et les sommes dues au titre des factures du mois. N'ayant constaté aucun versement par la société EEPAD, AT a mis en demeure cette dernière en procédant à la suspension du service le 5 mai 2009, avant que le service ne soit rétabli le 9 du même mois, suite à l'engagement de l'EEPAD d'honorer ses dettes selon le calendrier convenu, soit au plus tard le 13 mai 2009. Dans une lettre adressée au P-DG d'Algérie Télécom datée du 12 mai 2009, l'EEPAD a informé son partenaire de l'obtention d'un crédit bancaire facilitant ainsi un premier versement de 213 201 579, 12 dinars payable le 27 mai en cours. Un engagement qui n'aura sans doute pas convaincu les responsables d'Algérie Télécom qui ont refusé de lui octroyer un délai supplémentaire, procédant à la suspension de service le 13 mai.