Les travaux de rénovation du réseau d'assainissement entrepris depuis maintenant un mois dans différents quartiers de la ville de Annaba causent bien des désagréments à la population. Cette opération, certes importante, compte tenu de l'état lamentable dans lequel se trouvaient les anciennes conduites, a surpris les citoyens de par la simultanéité des actions qui s'apparente à une mauvaise coordination des travaux. C'est, du moins, l'avis des automobilistes qui ont vu, du jour au lendemain, la plupart des artères principales du centre-ville et des quartiers périphériques de Annaba interdits à la circulation. Les rues et autres boulevards concernés sont ceux qui mènent habituellement à la tentaculaire cité de la Plaine Ouest, autrement appelée «Les Allemands», au quartier de Djebbanet Lihoud, à celui des M'Haffeur ou encore celui de l'Elysa en passant par La Colonne et l'Orangeraie. Les chauffeurs de taxis, toujours prompts à réagir à la moindre entrave au trafic routier, répercutent leur dam sur les malheureux usagers, refusant de les accompagner dans ces «zones difficiles». L'été dernier aussi Cet immense et inopportun chantier lancé à la veille de la saison estivale 2009 n'augure rien de bon pour les commerçants de la ville, lesquels se lamentent du déficit annoncé. «L'expérience de l'été précédent risque de se répéter, l'ouverture impromptue de chantiers bloquent l'accès à la corniche, pôle d'attraction de notre ville, y rendant la circulation exaspérante. Cela fera certainement fuir les estivants cette année encore», confie ce restaurateur de la plage Rizzi Amor, qui aurait déboursé, selon ses dires, une petite fortune, ces derniers temps, pour retaper son établissement. Le propriétaire d'une cafétéria chic de Bel Azur, un ensemble touristique qui fait la fierté des Annabis, est, quant à lui, plus pessimiste et ne limite pas sa propre évaluation de la situation aux seuls travaux en cours. Pour lui, «le cadre de vie a connu une légère amélioration à l'occasion de la récente visite du président de la République dans le cadre de sa campagne électorale, mais il n'offre toutefois pas les conditions requises pour la réussite d'une bonne saison estivale. L'état de la chaussée et des trottoirs laisse à désirer et le trafic routier est devenu infernal avec l'augmentation notable de véhicules automobiles», constate avec amertume notre interlocuteur. Et de pourfendre les élus locaux pour leur inconséquence : «Autant les vieux quartiers que les nouvelles cités périphériques baignent dans l'insalubrité. Le manque d'hygiène est à l'origine de la prolifération des moustiques et autres animaux errants. Les eaux stagnantes dans certaines ruelles sont toujours présentes et risquent de perdurer, sans parler de l'état de délabrement des trottoirs et des nids de poules et les ornières qui caractérisent la majeure partie du réseau routier urbain de Annaba.» Obscures luttes d'intérêt Pôle touristique d'excellence ou prétendu tel pour la région Est du pays, Annaba est assurément victime de sa réputation. Un amalgame sciemment entretenu par une nomenklatura locale, où s'entremêleraient, de l'avis de beaucoup d'enfants de la ville, et ils sont nombreux à avoir autre chose de plus que des cheveux sous la casquette, l'incompréhension et l'incompétence des élus. Autrement dit d'obscures luttes d'intérêt, qui ont fait que Annaba se soit transformée d'année en année en une ville sans âme. La coquette ville d'antan, qui ne ressemble plus qu'à son ombre, a perdu l'un après l'autre ses amoureux inconditionnels. Ceux-là même qui ne rataient aucune occasion pour venir s'y prélasser. Pourtant, elle possède encore plus d'atouts pour reconquérir son monde. Les chiffres sont là pour prouver que Annaba dispose d'une infrastructure touristique de base relativement bien étoffée : 25 hôtels non classés de 1338 lits, 15 autres classés de près de 2000 lits, et 8 restaurants touristiques avec 494 repas/jour l'un. Toutes ces structures d'accueil sont implantées dans un cadre agréable, tout à fait propice au tourisme balnéaire, climatique et d'affaires. Il est également important de rappeler que la wilaya dispose de trois zones d'expansion touristique qui sont la corniche de Annaba, la grande plage de Oued Boqrat en contrebas du village montagneux de Seraïdi et notamment la fameuse baie ouest de Chétaïbi, qui est considérée comme étant l'un des plus beaux sites naturels du monde. Les trois zones s'étendent sur une superficie totale de 2059 ha, ceci en plus de 37 ha potentiellement exploitables localisés à Sidi Salem, dans la commune littorale d'El Bouni. Les autorités locales de Annaba, avec à leur tête Mohamed Ghazi, le wali, sont unanimes pour affirmer que la gestion de cette zone a aujourd'hui besoin d'une nouvelle approche. D'une prise en charge autre que celle qui a prévalu jusqu'ici et qui a contribué au blocage de sa promotion au rang de ville touristique au sens plein du terme. Le patrimoine culturel de cette belle région, riche et diversifié, avec ses 2100 artisans activant dans l'habillement traditionnel, la bijouterie, la poterie, la peinture sur soie et la transformation du bois, en plus des vestiges des époques romaine et byzantine et autres sites historiques, représente également un autre atout important pour qu'elle accède enfin à ce rang prestigieux.