«Talghouda, histoire romancée de Abdelhamid Benzine » est un récit haut en couleurs de Omar Mokhtar Chaalal relatant l'enfance, l'adolescence et les prémices de militant au PPA de Abdelhamid Benzine. Cet ouvrage s'articule sur les souvenirs tendres et tristes de cet enfant qui de son village de Béni Ourtilane est parachuté à Bejaia puis à Sétif pour poursuivre ses études. D'une vie paisible et champêtre, Abdelhamid Benzine se familiarise avec les habitudes de la ville de Bejaia, ses ruelles, et ses quartiers. Il y tisse des amitiés solides avec des copains d'école qui au départ le considèrent comme bizuteur ; De bouc émissaire, il obtient le statut de chef et d'amis. L'adolescence de Benzine se passe en pensionnat à Sétif, où parallèlement, il est adhérent du PPA dans lequel, il fait ses classes de militant. C'est la période de l'Algérie en ébullition avec des révoltes et manifestations. Grèves, épidémies, souffrances, misères, et oppressions sont le lot quotidien des algériens dans les campagnes des années quarante qui faute de nourriture mangent un tubercule appelé « talghouda » d'où ce titre pour le moins singulier. Militant de la première heure Cette sujétion féroce les mènera aux évènements de Mai 45. Abdelhamid Benzine fait discours dans la mosquées pour sensibiliser et éveiller les consciences à la cause nationale ; ce qui le conduira à une première arrestation. Relâché, il est vite incarcéré lors de la fête de l'armistice qui s'est transformée en manifestations sanglantes de Sétif, Kharrata et Guelma. Ses copains dont Kateb Yacine et lui seront emprisonnés.L'auteur indique à bon escient à propos de Benzine « il avait compris qu'il fallait opposer la violence des opprimés à celle des oppresseurs pour aller à la rencontre de la dignité du genre humain ». Omar Mokhtar Chaalal témoigne de cette page d'histoire ; il montre le succès sur le fascisme dont bon nombre d'algériens comme tirailleurs ont participé à mettre fin au fascisme nazi. Mais les colons les considérant comme indigènes les massacrent . Ces évènements sinistres restent gravés à jamais dans les mémoires. L'auteur décrit ses passages avec détails en racontant l'histoire de Aicha tuée lors de ces émeutes alors que son fils a servi la France pour la libérer du joug nazi. Chaalal met l'accent sur cette France ingrate, et son visage hideux de haine, de tortures et de cruauté ? La république des droits de l'homme où liberté, égalité et fraternité tue et massacre au nom de la pseudo mission civilisatrice. Il dit en filigrane cette France qui oublie la contrition et la résipiscence. Cette narration qui s'ouvre sur la vie de Benzine focalise sur le contexte socio politique de l'époque au regard de ce militant de la première heure. Ce livre intéressant comporte deux tomes dont le premier concernera la période allant de 1931 à 1945. Le second qui sera publié ultérieurement traitera de la période de 1946 à 2003, mais cela n'altère en rien ce récit qui mérite une halte pour mieux appréhender la vie de cet humaniste.