L'espace Noun a reçu, jeudi dernier, l'auteur Omar Mokhtar Chaalal pour une rencontre conviviale autour de son dernier roman, Talghouda, qui revient sur la vie et le parcours du doyen des journalistes algériens, Abdelhamid Benzine. Après une brève présentation de la part de la responsable de la librairie (qui a d'ailleurs modéré la rencontre), Omar Mokhtar Chaalal a révélé les raisons qui ont motivé le choix du titre de son roman, très dur. En fait, “Talghouda est un tubercule pratiquement indigeste car même les animaux refusent de le manger, mais les Algériens, ou indigènes de l'époque, ont été contraints de consommer ce tubercule durant l'année 1945, tant la famine était grande auprès de notre peuple”, déclare-t-il. En ajoutant : “Talghouda, c'est l'expression de la famine et de l'humiliation ; une humiliation qui exprimait l'exploitation coloniale. Ce titre justifie également la rébellion d'hommes et de femmes contre cette misère-là, à l'exemple de Abdelhamid Benzine.” Le questionnement principal et la problématique essentielle du roman de Omar Mokhtar Chaâlal a été de savoir comment se fait l'engagement ; et pourquoi sacrifier une vie entière au service d'une cause ? De plus, l'intérêt pour la vie de Abdelhamid Benzine s'inscrit dans la continuité par rapport à l'œuvre de Omar Mokhtar Chaâlal, qui a déjà écrit sur Kateb Yacine, et qui tend à porter, dans sa littérature, un regard serein sur le passé. Et cette sérénité recherchée a une double signification puisque par le biais de ce genre de démarches, il y a une démythification de l'être et une démystification de l'histoire. Omar Mokhtar Chaâlal a également évoqué l'amitié qui le liait à Abdelhamid Benzine, et les longues discussions que les deux hommes entretenaient ; ce qui a donné naissance à Talghouda. Cependant, ce dernier est un roman qui reprend les faits historiques avec exactitude et rigueur, mais qui romance les situations ; d'où le trouble qui peut s'emparer du lecteur — non averti — qui ne saurait où s'arrête la réalité et où commence la fiction. À cela, M. Chaâlal répond : “Je ne suis pas historien, et je pense que l'écrit romanesque peut être attrayant, en même temps, je suis convaincu que le roman peut être un vecteur pour un travail de mémoire. Je suis convaincu qu'on peut dire l'histoire par le biais de l'outil romanesque mais en faisant attention pour ne pas travestir les faits”, tout en citant les exemples d'Amin Maalouf ou encore ceux des biographies sur Marie-Antoinette et Jean Moulin. L'invité d'espace Noun a, par ailleurs, révélé qu'une suite de Talghouda est en préparation, où l'auteur s'intéressera cette fois-ci au parcours de Abdelhamid Benzine entre 1946 et 2003. Une période controversée dans la vie de l'homme puisqu'il est question de militantisme et d'histoire. Suite à la rencontre et au débat, une vente-dédicace a été organisée. S. K. Talghouda, histoire romancée de la vie de Abdelhamid Benzine, de Omar Mokhtar Chaalal, tome I (de1931 à 1945), éditions Casbah, Alger, mars 2009. Prix : 500 DA