Selon un rapport de police, il existerait à travers l´Espagne un vaste réseau de 250 petits commerces dont les activités serviraient à financer le djihad en Syrie et en Irak. Cette chaîne se compose surtout de boucheries halal gérées par des Maghrébins, de magasins d´alimentation générale en produits de large consommation pour les musulmans, et des taxiphones gérés par des Asiatiques. Ces petits commerces avaient commencé à faire leur apparition dès la seconde moitié des années 1990 avec l émergence d´Al Qaïda sur la scène mondiale. Après le 11 septembre 2001, ils connaîtront une forte implantation autour des mosquées et lieux de culte à Madrid, Barcelone, Tarragona, Lleida, Bilbao, Santander, Valencia, Logroño, León, Jaén y Almería, et autres villes où la communauté pakistanaise est bien implantée. Ces réseaux «hawala», un système informel de transfert de fonds vers et depuis l´Espagne à l´étranger, captent l´argent de 150 000 musulmans dont une partie sert de dons pour le financement de l´Etat islamique (EI) en Irak et le Front Al Nosra en Syrie. Les envois effectués depuis ces pays par les djihadistes à leurs familles empruntent ces circuits informels. Les enquêteurs espagnols tentent de démontrer le rôle de ces circuits pour la captation des envois des salaires des recrues qui combattent dans les rangs de Daech et du Front Al Nosra. Ils sont salariés La police sait que ces recrues perçoivent entre 800 et 1200 euros selon la situation familiale, célibataire ou marié, de chacun de ces combattants. Environ une centaine de jeunes espagnols, dans leur grande majorité d´origine marocaine, ont rejoint ou activent depuis l´Espagne pour le compte de Daech. Au moins 13 d´entre eux ont trouvé la mort dans les combats, notamment dans des actions suicides contre les troupes du régime de Bachar Al Assad. Leurs familles - quand ils en ont - perçoivent via ce circuit informel le capital décès qui se chiffrerait à des dizaines de milliers d´euros. Le réseau secret espagnol de la «hawala» emploie quelque 300 agents. Leur rôle est celui d´un coursier qui se charge de recueillir et de remettre l´argent en mains propres au destinataire à travers plusieurs petits commerces, à la manière des «cambistes» de l´émigration (l´euro en France contre le dinar en Algérie). Une cinquantaine de ces agents de droit commun sont actuellement incarcérés en Espagne en même temps que les 7000 autres prisonniers de confession musulmane. La police cherche à les infiltrer pour mieux suivre les mouvements de fonds du réseau «hawala» dont la chaîne va de Madrid à Kaboul, de Karachi à Paris ou de Lleida (Catalogne) à New Delhi. Dans toutes ces villes, il existe un «banquier» avec portable et domiciliation qui procède au transfert de l´argent du djihadisme moyennant commission. Ces agents ne sont pas tous forcément liés au terrorisme. Certains prêtent leurs services à tout client sans se poser de questions sur la provenance et la destination de l´argent. C´est ce qui rend parfois la tâche plus compliquée pour les enquêteurs de remonter la filière du réseau «hawala».