Les gouvernements des pays du sud de l´Europe, de la France et de l´Espagne en particulier, vivent dans la hantise permanente du retour de leurs ressortissants qui sont allés faire le djihad en Syrie et en Irak. Bien avant les attentats du 7 janvier à Paris, ou plus exactement avec le début des bombardements alliés contre l´Etat islamique (EI), les services de renseignements de ces deux pays, mais aussi leurs collègues belges, italiens ou britanniques, avaient fait du retour des djihadistes sur leurs territoires respectifs leur principale préoccupation. Les «trois routes»de l´immigration Dans un rapport qu´elle a élaboré à la fin 2014, la Section des opérations de falsification des documents de l´Ucrif (Unité de centrale des réseaux de l´immigration Illégale et de falsification des documents), attire l´attention sur la prolifération des «maffias» spécialisées dans le trafic des personnes en direction de l´Espagne. Les experts ont acquis la conviction que les personnes en provenance de Syrie ne sont pas toutes des réfugiés, de simples candidats à l´immigration ou des demandeurs d´asile politique. Les arrivants pourraient être en grand nombre des combattants de Daech qui se sont infiltrés dans les rangs des réfugiés pour retourner en Europe. Les organisateurs du trafic d´immigrés vers l´Europe, des Libanais et des Irakiens, empochent entre 6000 et 10 000 euros par personnes. Une partie de la recette est destinée au financement des activités de Daech. En un seul mois, ce réseau de trafic d´immigrés a encaissé 100 000 euros. Pour se rendre en Europe, les «réfugiés» en provenance de Syrie et avec eux un nombre indéterminé de terroristes de Daech, empruntent trois routes. La première dite «route terrestre africaine» conduit jusqu´à Melilla où les arrivants sont placés dans un centre de transit pour étrangers (Cite). Cette route passe par la Turquie où les clandestins obtiennent de faux documents d´identité. Parmi eux, les djihadistes se fondent en cours de route dans la nature pour regagner leur pays d´origine en Europe. La seconde route «brésilienne», par avion, conduit vers le Brésil, le Venezuela ou le Pérou d´où il est relativement facile de se procurer sous de fausses pièces d´identité un visa pour l´Espagne, la porte d´entrée du continent latino-américain en Europe. Cette route est traditionnellement celle du narcotrafic. La troisième route vers l´Europe passe par l´Asie orientale, le Pakistan et l´Afghanistan, deux pays où les passeurs ne manquent pas. Cette route est aussi celle du trafic d´armes et de drogue, deux activités qui assurent le financement de Daech et d´Al Qaïda. Les auteurs du rapport de l´Ucrif admettent qu´il est, toutefois, difficile d´avoir une idée précise du nombre des groupes maffieux qui, comme les Libanais et les Irakiens, ont assuré en 2014, le transfert vers l´Europe de 200 000 personnes, dont un nombre inconnu de possibles djihadistes. Le syndrome du 11 mars 2004 Dans un autre rapport élaboré précédemment, la police espagnole a estimé entre 30 000 et 100 000 le nombre des islamistes qui se sont affiliés à l´Etat islamique, dont des milliers sont des ressortissants européens. Les plus nombreux, environ 2000, sont des français de toute origine. Les Espagnols, eux, sont moins d´une centaine, tous issus de l´immigration marocaine essentiellement, mais qui ne sont pas moins dangereux. Ce sont des radicaux marocains qui ont commis les attentats de la gare d´Atocha, le 11 mars 2004, pour la plupart d´entre eux partis depuis en Irak pour combattre contre les forces d´invasion américaines. Depuis 2011 avec le chaos qui s´est instauré dans les pays dudit «printemps arabe», notamment, 80 recrues avaient été envoyées en Syrie dont une cinquantaine a été identifiée par le CNI (services de renseignements espagnols).