Les lendemains de l'élection présidentielle se révèlent bien difficiles pour le Front national algérien (FNA). Moins d'un mois après ce scrutin électoral, le leader de cette formation politique et ses proches collaborateurs subissent quotidiennement un déferlement continu de critiques. La finalité étant de les pousser vers la porte de sortie pour libérer la place au profit de nouveaux responsables qui aspirent à s'installer aux commandes de ce parti et donner libre cours à leurs ambitions. Il s'agit en somme, selon les observateurs, de développer une approche déstabilisatrice pour entamer «le redressement» de ce parti convoité par plusieurs personnalités plus ou moins proches de cette mouvance. Il est vrai que lorsqu'on ne recueille que près de 295 000 voix, soit un taux inférieur à 3%, au scrutin présidentiel, une défaite aussi lourde est inévitablement sujette à conséquence. Ces chiffres, implacables de froideur, sont suffisamment révélateurs de la maigre audience dont bénéficie le FNA au sein de la population à travers les 48 wilayas du pays. Et tous les prétextes avancés ici et là pour justifier ce cuisant échec ne peuvent flouer la réalité du terrain. Pourtant suffisamment médiatisé tant par la presse publique et privée que par la radio et la télévision, le président du FNA, qui a multiplié les meetings et les réunions de travail aux quatre coins du territoire national, n'a pas pu ou su, c'est selon, tirer profit de cette opportunité pour convaincre et rassembler autour de son programme politique un grand nombre de sympathisants. Face à ces attaques, Moussa Touati et ses fidèles militants affichent une attitude plutôt réservée, courbent l'échine et attendent que la tempête qui s'abat sur eux s'élimine d'elle-même. Mieux, ils soutiennent devant qui veut bien les écouter qu'aucune menace ne «pèse sur leur parti qui fonctionne paisiblement sous le doux soleil d'Algérie». Les querelles intestines, la lâcheté avérée ou supposée de militants au profit d'autres partis politiques, la course aux intérêts personnels, l'ambition démesurée de quelques-uns… ne relèvent cependant pas d'une spéculation journalistique primaire mais des propos clairement énoncés par le premier responsable du FNA lui-même. Reprenant son bâton de pèlerin, il sillonne de nouveau le pays pour entamer une vaste restructuration de sa formation politique au terme de laquelle «des dizaines d'exclusion de militants seront prononcées», selon des proches de ce parti. Une manière comme une autre de procéder à un premier toilettage pour réduire l'effet de dissidence qui «gagne en ampleur». Et d'annoncer dans la foulée la tenue prochaine d'un congrès extraordinaire du Front national algérien au cours duquel chaque tendance aura à défendre sa vision politique, définir les nouveaux objectifs assignés au parti et probablement dégager une nouvelle équipe dirigeante. L'homme qui semble faire de l'ombre à Touati en l'étape actuelle des choses est un député issu des rangs du FNA. Avocat de formation, Mohamed Benhamou évite de se présenter sous la bannière de la dissidence mais appelle à la réorganisation des rangs du parti en soutenant dans ses déclarations à la presse que «le seul responsable de cet état de fait est le président actuel». Il n'hésite pas toutefois à monter au créneau pour dénoncer la mainmise de Touati sur le parti. «Le FNA n'est pas la propriété d'une seule personne», a-t-il notamment souligné. Du coup, les observateurs suffisamment avertis des affaires du FNA estiment que l'avenir de Touati à la tête de cette formation politique pourrait très sérieusement être remis en cause si ce dernier continuait à tourner le dos à ses «opposants» en ignorant leurs principales revendications, dont celle de la refondation du parti pour le préparer aux futures échéances électorales. La rencontre prévue ce mardi entre militants et cadres dirigeants du FNA, pour «un dialogue démocratique et responsable», devrait, pour éviter l'implosion, «dégager les lignes directrices des nouveaux contours autour desquels s'articulera la nouvelle démarche de ce parti», indique-t-on auprès des initiateurs de ce rendez-vous.