Nos communes sont-elles mal ou pas du tout gérées ? La question mérite d'être posée, en tout cas si l'on regarde l'état de déliquescence de nos collectivités locales et les actions de protestation, presque quotidiennes, des populations tantôt pour dénoncer l'état de délabrement d'une route et tantôt pour contester une distribution «injuste» de logements sociaux. Aucune commune n'échappe désormais au recours à la violence des populations pour exprimer leurs doléances. A un jeune chômeur qui se «risque» à demander un poste d'emploi, la réponse des élus est connue d'avance : «La création de l'emploi et le recrutement ne sont pas du ressort de l'APC». Si la réponse peut s'avérer juste, elle demeure insuffisante pour convaincre un jeune en détresse. D'abord, il ne comprendra pas pourquoi des citoyens s'engagent dans des courses électorales, tout en sachant que les prérogatives des élus sont réduites comme une peau de chagrin. Les représentants de l'administration locale, pour leur part, adoptent la même attitude que les élus. «Cela ne relève pas de nos prérogatives», se plaisent à le répéter nos chefs de daïra. Cette «fuite» de responsabilité de gens censées prendre en charge les revendications citoyennes ne fait que creuser le fossé séparant les populations des gouvernants. Cela engendre souvent des situations de troubles et de désordre dans la société. Il est peut-être temps que l'Etat se penche sérieusement sur la question des prérogatives des uns et des autres afin de clarifier les relations entre l'élu et le citoyen, l'élu et l'administration, le citoyen et l'administration. D'ailleurs, le nouveau code communal qui sera soumis à examen en septembre prochain au Parlement devra définir les pouvoirs des chefs de daïra et des walis et renforcer les attributions des élus afin qu'ils puissent lancer des projets de développement de leurs localités. Actuellement, le maire, appelé abusivement premier magistrat de la commune, a pour mission de refaire les trottoirs et de s'occuper des travaux de la voirie. La distribution du logement social relève, depuis quelques années, des services de la daïra, alors que les maires sont chargés de démolir les constructions illicites ! Ils se retrouvent souvent en train d'affronter des citoyens en colère, ce qui les discrédite aux yeux de la population. Par ailleurs, la question des prérogatives ne peut pas justifier, à elle seule, la mauvaise gestion des collectivités locales et la corruption à laquelle s'adonnent des élus au vu et au su de tous. Durant le mandat 2002 à 2007, pas moins de 300 élus ont été poursuivis pour des affaires de malversations et de détournement des biens publics. Un phénomène qui ternit l'image des représentants du peuple et renforce le sentiment de méfiance des citoyens à leur égard.