Disputer la finale de la coupe d'Algérie de football, pour la première fois en 78 ans d'existence, constitue «un honneur, une joie et une fierté, pas seulement pour la ville de Bordj Bou Arréridj, mais pour toute la région», estime Rabah Khelif, une des figures historiques du football à Bordj et ancien capitaine du CABBA. «J'appartiens à une génération de joueurs talentueux, mais qui n'ont pas eu la chance, à cause du manque de moyens et en raison aussi de certaines circonstances, d'arriver à ce stade de la compétition la plus populaire», ajoute l'ancien milieu de terrain des «Criquets jaunes», qui assure que cette frustration «s'estompera si les jeunes joueurs de la cuvée actuelle font honneur aux couleurs du club». Cependant, faire honneur aux couleurs ne signifie rien d'autre, pour Khelif, que la victoire, car il s'empresse d'ajouter que «cette finale ne doit pas échapper à cette nouvelle génération de joueurs, malgré leur manque d'expérience dans ce genre de compétition». Bien que le CR Belouizdad ait une carte de visite bien mieux étoffée, l'ancienne coqueluche bordjienne pense que les Hachoud, Bouharbit, Bentayeb et autres Bitam et Kial «ont les qualités nécessaires pour ramener le trophée à Bordj». Pour Khelif, les joueurs qui forment le CABBA d'aujourd'hui, «bien encadrés par un staff technique de qualité, sont audacieux, volontaires, bons techniquement et capables physiquement de rivaliser avec n'importe quelle équipe de division 1». Boubekeur Zetchi, qui a évolué au CABBA aux côtés de Rabah Khelif, ne veut pas, lui, passer sous silence certains faits d'armes de son ancienne équipe. Des exploits sans doute moins glorieux que celui d'atteindre la finale de la coupe d'Algérie, mais qui méritent, selon lui, d'être rappelés au bon souvenir des jeunes supporters d'aujourd'hui. L'ancien libero voudrait que les jeunes se remémorent qu'en 1967, au stade Guessab de Sétif, en coupe d'Algérie, le CABBA avait éliminé le MO Constantine des Zefzef, Sofiane et Benbaâtouche, avant de se faire éliminer de justesse, sur un seul petit but, par le grand MC Alger en 1/8 de finale. Pourtant, à cette époque-là, tient à rappeler Zetchi, «il n'y avait pas les moyens d'aujourd'hui, ni pour la préparation, ni pour la récupération, puisqu'en guise de repas, nous nous contentions d'un simple sandwich au fromage». S'agissant des chances du CABBA de brandir le trophée, Boubekeur Zetchi estime que les deux équipes partent à chances égales mais ne cache pas, évidemment, sa préférence pour les «Criquets» qui pourront, selon lui, «s'appuyer sur leur excellente défense avant de planter une banderille qui fera définitivement entrer le CABBA dans l'histoire». Plus jeune que Zetchi, Abdelkrim Loucif, l'ex-international du CABBA des années 80 et qui a évolué à l'USM Harrach avant de revêtir le maillot de Bordj, n'a pas vécu cette époque des «vaches maigres», puisque l'ordinaire des années 80 s'était quelque peu amélioré dans le sillage de la réforme de 1977. Bordj Bou Arréridj, c'est où ? Pour l'ancien n°10 du CABBA, le club a «de fortes chances de gagner cette finale, même si le CRB part favori». Estimant que l'équipe qui se sera «le mieux préparée physiquement aura le dessus», il reste néanmoins optimiste sur les chances du CABBA. Selon lui, le CABBA n'a «jamais formé un rempart défensif aussi imposant avec le gardien Kial Merouane, les deux arrières centraux Houari et le Portugais Linares, ainsi que les deux latéraux Hachoud et Mansour, offensifs à souhait et capables, eux aussi, de marquer à tout moment». De la volonté, beaucoup de générosité dans l'effort et un soupçon d'audace «devraient permettre à notre équipe de remporter cette coupe et de ponctuer en beauté une saison en tous points remarquable», conclut Loucif. Un autre ex-sociétaire du Ahly, bien plus ancien celui-là, puisqu'il a évolué au Cercle athlétique (nom de l'équipe à sa création) dès les années 50, Djemaï Nebbache dit Lehlali n'est pas le moins fier des anciens joueurs des Jaune et Noir. Il rappelle volontiers qu'à son époque, au début des années 50, avant la suspension des activités sportives en raison de la Guerre de libération nationale, «beaucoup de gens des autres villes de l'Est algérien se demandaient où diable pouvait bien se trouver ce patelin de Bordj Bou Arréridj». «Aujourd'hui, grâce à cette qualification historique, notre ville, déjà connue grâce à son dynamisme économique, sera sur toutes les lèvres, aux quatre coins de l'Algérie mais aussi bien au-delà», affirme fièrement cet homme de 78 ans.