Le phénomène de la harga a pris ces derniers temps une tournure inquiétante et il ne se passe pratiquement plus une journée sans qu'une tentative n'ait lieu, mettant tous les services de sécurité en alerte permanente. Une unité semi-rigide des garde-côtes, dépendant du groupement territorial de Annaba, a intercepté mercredi vers 1h du matin une embarcation de fortune à 4 milles de la localité d'Echatt avec à son bord un groupe de 19 harraga. Les candidats à l'émigration clandestine, dont l'âge varie entre 17 et 47 ans et qui sont originaires des wilayas de Annaba (10), de Khenchela (5), de Guelma (3) et de Jijel (1), avaient quitté la plage de Sidi Salem à 22h et se dirigeaient vers l'île de la Sardaigne. Selon le chef de la station maritime principale de Annaba, Zaïdi Abdelaziz, de nombreux gardes-côtes ont été victimes d'outrage de la part des passagers de l'embarcation interceptée. Ce même responsable signale que profitant de la confusion, l'un des harraga s'est enfui et n'a pu être rattrapé. Après l'interrogatoire et la visite médicale les 19 personnes arrêtées ont été présentées hier au procureur de la République près le tribunal de Annaba. Compte tenu probablement de l'agressivité dont ont fait preuve les harraga à l'encontre des garde-cotes, le parquet a décidé de les placer, excepté un mineur, sous mandat de dépôt. On signale par ailleurs que les renseignements réunis par les services de sécurité sont actuellement exploités par les enquêteurs de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté de wilaya de Annaba. Ainsi, un atelier de fabrication artisanale de barques a pu être découvert à Sidi Salem, de même qu'il a été mis en place une surveillance des stations de taxis, des gares routières et ferroviaires de la wilaya pour débusquer les éventuels relais de ce que l'on qualifie déjà ici de réseau annabi d'émigration clandestine. Les jeunes venant des régions reculées du pays et arrêtés récemment ont fait état lors de leur audition de «contacts» par téléphone avec des inconnus qui s'occuperaient de l'accueil des candidats au niveau desdites gares alors que d'autres se chargeraient d'empocher l'argent (entre 45 000 et 100 000 DA par personne) et de l'acheminement jusqu'au lieu d'embarquement.