Dix-huit personnes présumées impliquées dans les violents affrontements qu'a connus la ville de Ghardaïa depuis jeudi ont été présentées devant les instances judiciaires compétentes pour «attroupement, outrage et violence contre les forces de l'ordre». Selon des sources judiciaires, certains jeunes interpellés par les forces de l'ordre lors de ces escarmouches, sont venus d'autres localités pour semer le trouble dans la vallée du M'zab. Ces personnes ont été arrêtées «en flagrant délit sur la voie publique lançant des pierres et autres projectiles», précisent ces sources. Ces interpellations ont permis la circonscription des heurts dans les quartiers El Hofra, Baba Saâd et Aïn Lebeau, où la situation a été maîtrisée, selon les services de la wilaya. Un calme précaire règne actuellement dans les quartiers concernés de Ghardaïa, où un imposant dispositif de sécurité combiné (police et gendarmerie) a été redéployé pour éviter tout dépassement, selon des habitants. Contacté, Mosbah Hammou, membre du conseil fédéral du FFS à Ghardaïa, a estimé que ces violences sont «le fruit d'une manipulation de certaines parties voulant tirer profit d'un statu quo dans la région». «Certaines autorités locales n'ont pas une volonté pour maîtriser la situation sécuritaire dans cette wilaya», a-t-il soutenu incombant la responsabilité de ce regain de violence «au premier responsable de la gendarmerie de la wilaya». M. Mosbah a indiqué également que la reprise des affrontements intervient au moment où des manifestations pacifiques sont organisées dans plusieurs wilayas du Sud pour dénoncer l'exploitation du gaz de schiste. «Nous croyons que certaines parties essayent de détourner l'attention des populations du Sud sur l'exploitation du gaz de schiste. C'est pour cette unique raison que cette violence a repris de plus belle à Ghardaïa». Il a déploré ensuite que certains jeunes et habitants de quartiers sensibles se font manipuler par certaines parties, les jetant en pâture, alors que la région vit dans une situation d'instabilité sécuritaire depuis plus d'un an». Des échauffourées sporadiques, émaillées d'actes de vandalisme du mobilier urbain, de saccage et d'incendie de quelques habitations et véhicules, avaient éclaté vendredi entre groupes de jeunes et les forces de maintien de l'ordre déployées dans les quartiers précités. Quatre habitations et deux véhicules avaient été saccagés, pillés puis incendiés, en plus de la destruction de plusieurs compteurs de gaz, amenant les services de la Sonelgaz, par mesure de sécurité, à couper l'alimentation en gaz naturel dans ces quartiers, selon le dernier bilan arrêté par les services de la wilaya. Samedi, la situation s'est nettement aggravée avec l'annonce de personnes décédées après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Il s'agirait de trois personnes dont une femme de 55 ans habitant les quartiers voisins de Bab El Hadda, El Hofra, Souk Lahtab et Salem Ouaïssa, selon les médias. A ce propos, Ali Boulatika, secrétaire général de la wilaya, a assuré qu'aucune perte humaine n'a été déplorée, contrairement aux rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, a-t-il précisé dans un point de presse. Selon lui, onze éléments de la gendarmerie avaient été blessés à différents degrés par jets de pierres et cocktail Molotov lancés par les jeunes à partir des terrasses de maisons, durant ces heurts. Des maisons ont été également incendiées dans le quartier d'El Hofra alors que des magasins ont vu leurs rideaux et portes défoncées. Un renfort des brigades d'intervention rapide de la gendarmerie avait été redéployés pour renforcer le dispositif de sécurité mis en place par les pouvoirs publics depuis le début des événements à Ghardaïa, afin de préserver et sécuriser les personnes et les biens, privés et publics, a-t-il souligné. Depuis jeudi, certains quartiers à majorité mozabite sont le théâtre de sévères escarmouches entre les forces de l'ordre et les habitants. Les hélicoptères, qui ont depuis quelque temps arrêté le survol de la ville, ont repris. Selon nos sources locales, cette recrudescence de violence a éclaté après la décision d'un groupe de jeunes d'empêcher d'autres de rejoindre une mosquée située dans le quartier El Hofra, prétextant de «provocations récurrentes» émanant des Malékites à chaque prière. Un important renfort des forces combinées de maintien de l'ordre (gendarmerie et police) a été aussi déployé aux alentours des quartiers chauds de Ghardaïa.