Le leader du parti politique Nida' Tounès, Beji Caïd Essebsi, est officiellement président de la République de Tunisie après le deuxième tour de l'élection présidentielle qui s'est déroulé avant-hier. L'annonce a été faite hier par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Le candidat de l'alliance laïque, Béji Caïd Essebsi, a remporté l'élection présidentielle après sa victoire au second tour face au président sortant Moncef Marzouki, selon les résultats définitifs de l'Isie. Le candidat Beji Caïd Essebsi a obtenu 55,68 % des voix, soit plus de 1,7 million de voix, contre plus d'un 1,3 million pour son rival (44,32 % des suffrages), a annoncé le président de l'ISIE, Chafik Sarsar. Prenant la parole devant des milliers de ses sympathisants réunis devant la direction de sa campagne électorale, Beji Caïd Essebsi dira : «Je dédie ma victoire aux martyrs de la Tunisie. Je remercie Moncef Marzouki. Nous devrions désormais travailler ensemble sans exclure quiconque». Quelques heures avant cette annonce officielle, des informations avaient déjà annoncé la victoire du leader de Nida' Tounès devant son rival, Moncef Marzouki, président par intérim sortant. Les partisans de Béji Caïd Essebsi, sûrs de leur victoire, avant même l'annonce officielle de la victoire de leur candidat par l'Isie, faisaient la fête, hier, au siège du parti Nida' Tounès, tant il bénéficie du soutien d'une grande partie du peuple tunisien, et tant Moncef Marzouki est contesté pour ses décisions unilatérales quand il assurait l'intérim de la présidence de la République. «C'est la première fois que les Tunisiens élisent directement leur président de manière libre et démocratique», s'est félicitée une grande partie de la presse tunisienne, avant de connaître le nom du vainqueur de cette élection. Né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, Béji Caïd Essebsi est avocat. Il a occupé plusieurs postes de ministre et d'ambassadeur sous la présidence de Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali. Il reviendra sur la scène politique le 27 février 2011, au lendemain de la Révolution, après avoir quitté le pouvoir pendant près de vingt ans. Il est appelé à la rescousse par le président provisoire Foued Mbazaâ après la fuite de Ben Ali. Béji Caïd Essebsi, qui a occupé le poste de Premier ministre de février à décembre 2011, avait une seule mission, réussie d'ailleurs, celle de stabiliser le pays et le mener à bon port pour organiser des élections réellement démocratiques. Le média tunisien Kapitalis estime : «Tout compte fait, ce sont les Tunisiens qui ont sauvé leur révolution. C'est une chance que ce peuple ait déclenché une révolution dont aucun parti ne puisse revendiquer la paternité. Maintenant que la Tunisie a achevé sa transition démocratique, il lui reste à faire grandir le nouveau-né. Pour cela, les Tunisiens et la société civile doivent rester vigilants». En effet, après avoir mis en échec les islamistes arrivés au pouvoir après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, le peuple tunisien fait face à la menace terroriste. Le terrorisme a déjà fait des dizaines de morts en Tunisie, parmi eux des opposants, des militaires, des policiers et des éléments de la Garde nationale. Une nouvelle menace terroriste a été exprimée à la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle par une organisation se réclamant de l'Etat Islamique (EI, ou Daech), organisation terroriste dirigée par Abou Bakr Al Baghdadi, et sévissant en Syrie et en Irak, revendiquant l'assassinat des opposants tunisiens Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, et menaçant d'exécuter de nouveaux attentats en terre tunisienne. Les Tunisiennes et les Tunisiens ont choisi leur premier président de l'après-révolution du jasmin dans une élection où les islamistes et leur allié Moncef Merzouki sont les plus grands perdants. Le parti de Beji Caïd Essebsi, Nida' Tounès, a déjà remporté une première victoire lors des élections législatives du 26 octobre dernier face à Ennahda et Moncef Marzouki. La victoire dans cette élection présidentielle qui constitue une victoire pour tout le peuple tunisien, de par son organisation et la liberté dans laquelle ce vote s'est déroulé, consacre l'échec des islamistes et de Moncef Marzouki qui, est-il utile de rappeler, avait été désigné président par intérim avec l'aide d'Ennahda.