Satisfait «de la qualité des échanges» avec les responsables algériens, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, dont la visite en Algérie «s'inscrivant dans le prolongement de la réunion du comité intergouvernemental de haut niveau tenue à Paris les 4 et 5 décembre», a détaillé jeudi le «haut degré» de coopération entre les deux pays. Il a affirmé l'existence d'«une volonté partagée d'agir ensemble» sur des dossiers aussi sensibles que la lutte contre le terrorisme et la circulation des personnes notamment. «Les rencontres que j'ai eues avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, étaient très riches et d'un grand intérêt», a déclaré M. Cazeneuve lors d'un point de presse organisé jeudi à la résidence de l'ambassade de France à Alger. «Il existe une grande confiance, une belle amitié et une volonté partagée de faire les choses ensemble», a-t-il insisté, avant de préciser que sa visite «a permis à nos deux pays d'approfondir nos échanges qui ont lieu à Paris lors de la visite du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal». Comme annoncé, il était donc question surtout de la sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière en général, qui préoccupe grandement les deux nations. Se félicitant à ce propos du «haut niveau» de compétence et d'expérience des forces de sécurité algériennes, l'hôte de notre pays précisera que la coopération dans ce domaine est surtout axée sur «l'échange d'expériences» et que la France traite «d'égal à égal» avec notre pays concernant les rapports entretenus dans le domaine de la sécurité intérieure, l'échange d'informations et de renseignements, dans la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue. M. Cazeneuve n'a pas manqué, dans ce sens, d'exprimer la reconnaissance de la France et ses «remerciements» envers les autorités algériennes pour leur «mobilisation et engagement» au lendemain de l'assassinat du touriste français, Hervé Gourdel, par le groupe terroriste Jund al-Khalifa. Interrogé, par ailleurs, sur l'évolution de l'enquête sur les moines de Tibhirine, le responsable français a renvoyé les journalistes à la déclaration du Premier ministre français, Manuel Valls, le 5 décembre dernier à Paris, dans laquelle il a relevé «l'excellente» coopération entre les deux pays dans ce dossier. Evoquant la coopération relevant des compétences de son secteur, Bernard Cazeneuve a révélé que les deux pays ont engagé pas moins de 135 opérations de coopération, dans plusieurs domaines, notamment la sécurité intérieure, la sécurité civile et la formation dans le domaine administratif. Sur proposition du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, il a été question de la mise en place prochainement d'un comité mixte pour accélérer et suivre le grand chantier de la coopération décentralisée. «Il y a une forte détermination de nos deux pays pour relancer la coopération décentralisée et favoriser la formation des cadres de haut niveau de l'administration et des collectivités locales», a déclaré le ministre de l'Intérieur français. «Nous voulons une méthode efficace pour atteindre les objectifs tracés par les deux ministères» a-t-il ajouté. Islamophobie : «Tout acte doit être puni» Le ministre français a, par ailleurs, annoncé qu'une convention portant sur la formation préparatoire des imams délégués en France «en harmonie avec les exigences de la République», a été l'objet de ses discussions avec le ministre des Affaires religieuses Mohamed Benaïssa. S'exprimant à ce sujet, il a estimé qu'«il est important qu'il y ait des imams formés en harmonie avec les exigences de la République, qui permettent de lutter contre le dévoiement, l'abaissement de l'Islam», en faisant référence à des «actes terroristes abjects et barbares qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane», ceci au moment où l'islamophobie en France regagne en intensité, à l'image des récentes déclarations du chroniqueur Eric Zemmour. Interrogé sur ces dérives, il a d'abord cité Mohamed Aïssa qui s'est prononcé en faveur de la culture de l'«esprit de Cordoue» et des valeurs de chaque communauté religieuse, avant de révéler qu'il a «instruit tous les préfets de France pour que tout acte, constituant une infraction pénale, que ce soit un acte de racisme, d'islamophobie ou d'antisémitisme, soit poursuivi en application de l'article 40 du code de procédure pénale». «Nous sommes déterminés à lutter contre toutes les formes d'exclusion et d'antisémitisme», car «nous refusons de négocier les valeurs de la République lorsqu'on les remet en cause», a-t-il martelé. Visas : plus d'efforts pour faciliter la circulation des personnes S'agissant du dossier récurrent de la circulation des personnes, Bernard Cazeneuve a assuré que «la France fait beaucoup d'efforts pour faciliter la délivrance de visas». Il a, à cet effet, estimé que les deux pays ont engagé des discussions très avancées en matière de facilitation de circulation des personnes. Le ministre français a soutenu que près de 320 000 visas sont délivrés annuellement pour les Algériens. Sur ce nombre total, 43% sont des visas de circulation, a-t-il précisé, rappelant que sur les 60 000 étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises, plus de 23 000 sont des Algériens, soit un peu plus du tiers. M. Cazeneuve a assuré que davantage d'efforts seront investis pour faciliter la circulation des jeunes diplômés. «Nous sommes en train d'étudier les meilleurs moyens et méthodes pour favoriser la circulation et la promotion des initiatives lancées par les jeunes actifs dans les deux pays», a-t-il ajouté, annonçant qu'un titre de séjour pluriannuel sera bientôt instauré, avant l'obtention de la carte de séjour de dix ans, pour les Algériens qui s'installent en France dans le cadre professionnel ou du regroupement familial.