Beaucoup plus technique que politique, cette visite du ministre français de l'Intérieur aura été l'occasion de discuter de dossiers comme la sécurité civile, la formation des cadres. Les sujets qui fâchent sont habilement éludés. Bernard Cazeneuve, ministre français de l'Intérieur, arrivé à Alger pour une visite de deux jours, a animé, jeudi, à la résidence de l'ambassade de France à Alger, un point de presse, en évitant habilement les sujets qui fâchent à l'instar de "l'affaire" des moines de Tibhirine. Il s'est contenté de rappeler sur le sujet la réponse apportée récemment par son Premier ministre, Manuel Valls. "Je vous renvoie à la déclaration excellente du Premier ministre français qui est la position de la France sur ce sujet", a-t-il répondu, rappelant "l'excellence" des relations entre l'Algérie et la France dont s'était félicité son Premier ministre. M. Cazeneuve s'est davantage réservé de répondre sur les questions liées à l'engagement d'un dialogue entre les parties en conflit en Libye et au Mali, comme souhaité par le gouvernement algérien. Il souligne que ces questions ne relèvent pas de ses compétences, mais bien de celles des ministres de la Défense et des Affaires étrangères. M. Cazeneuve n'a pas manqué, en revanche, de relever la "reconnaissance" de son pays à "la forte mobilisation" des autorités algériennes au lendemain de l'assassinat par les terroristes, sur le mont Tikjda (Bouira), du ressortissant français, le photographe et amateur de montagne, Hervé Gourdel. Le membre du gouvernement socialiste français est, toutefois, plus à l'aise pour parler de la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines relevant directement de son département, à savoir l'Intérieur. Rappelant que l'objet de sa visite est le prolongement de la dernière session de la haute commission mixte algéro-française, M. Cazeneuve a indiqué que pas moins de "135 actions" sont engagées par les gouvernements des deux pays en vue de renforcer davantage la coopération bilatérale. Les domaines de la sécurité intérieure et la lutte contre le crime organisé et la circulation des personnes se taillent, néanmoins, la part du lion dans cet ensemble d'actions à mener "en étroite collaboration". À l'issue de ses entretiens à huis clos avec des membres du gouvernement algérien, M. Cazeneuve révélera que les deux gouvernements envisagent de signer une série de conventions, à l'instar de celle visant à renforcer la coopération entre les polices des deux pays. Il est également question, ajoute le ministre français, "de relancer la coopération décentralisée et de favoriser la formation des cadres de haut niveau de l'administration et des collectivités locales". "Prêts pour davantage de facilitations pour les visas" S'agissant de la circulation des personnes entre les deux pays, M. Cazeneuve s'est, par ailleurs, fait fort de rappeler que son pays délivre aujourd'hui une moyenne de "32 000" visas par an aux Algériens dont "40%" sont des visas de circulation. Selon lui, cela exprime le résultat des "efforts" de la France "à faciliter la délivrance des visas aux Algériens ; nous œuvrons à trouver de nouvelles adaptations". Puis de renchérir en ajoutant : "Nous sommes évidement prêts à aller encore plus loin sur cette question de visas." Au passage, il fera observer que la priorité est "de favoriser les jeunes actifs" des deux pays. "Nous voulons évidemment privilégier les jeunes Algériens souhaitant suivre des stages et des formations ou faire de la recherche en France. Cela, tout comme nous œuvrons à faciliter l'entrée en Algérie des ressortissants français (...)", a-t-il précisé, rappelant que sur les 60 000 étudiants qu'accueille la France aujourd'hui, 23 000 sont Algériens. En parlant des relations algéro-françaises, M. Cazeneuve à relevé l'existence d'"une grande confiance" dans ces relations, indiquant que les relations humaines influent "beaucoup" sur les relations entre deux pays "amis". "Il existe une grande confiance, une belle amitié et une volonté partagée de faire les choses ensemble", a-t-il conclu à ce propos. "Nous condamnons le racisme et l'islamophobie" Sur un autre plan, le ministre de l'Intérieur français a profité de cette occasion pour réitérer, et en des termes encore plus fermes, sa condamnation des propos racistes proférés dernièrement par le journaliste Eric Zemmour, à l'encontre de la communauté musulmane de France. "Nous sommes déterminés à lutter contre toutes les formes de racisme et/ou de discrimination. Nous avons des valeurs républicaines que nous défendons avec force et sommes donc toujours prêts à condamner et à poursuivre tous les actes d'islamophobie et/ou de racisme. On ne négocie pas avec les valeurs de (notre) République", a fulminé M. Cazeneuve, non sans se féliciter de son entretien de la journée avec le ministre algérien des Affaires religieuses et des Waqfs, avec qui, relève-t-il, une convention est envisagée pour "mobiliser" le monde universitaire et intellectuel pour lutter contre le "mensonge" et toutes formes de radicalisme. M. Cazeneuve est convaincu que "les actes terroristes abjects combattus en France, et ailleurs, n'ont rien à voir avec la religion musulmane". F. A.