La plupart des établissements hôteliers urbains situés au centre-ville de la capitale offrent rarement un service de qualité aux touristes. !Le centre-ville d'Alger abrite un nombre très important d'hôtels qui ressemblent beaucoup plus à des musées. Le parc immobilier est très ancien. Sa construction remonte à l'époque coloniale. Les touristes étrangers de passage dans les communes d'Alger-Centre, de La Casbah et de Bab El Oued s'y rendent le plus souvent, histoire de s'arrêter dans des lieux qui leur étaient familiers à une certaine époque de leur vie. Le gros des hôtels urbains se trouve sur le territoire de l'APC d'Alger-Centre. Les visiteurs les trouvent surtout tout au long de la rue de la Liberté, coincée entre la rue Asselah Hocine (ex-Cavaignac) et le square Port Saïd. Ils les trouvent aussi au quartier Tanger, à la rue Ben M'hidi (anciennement rue d'Isly), Didouche Mourad, Charas, Bab Azzoun, basse Casbah et à l'entrée de Bab El Oued. Dans le cœur de la capitale, aucun hôtel n'a été construit depuis l'indépendance, à l'exception d'El Aurassi. Ce sont donc les anciens établissements qui continuent de rendre service à une clientèle de plus en plus importante et exigeante. Les personnes aisées préfèrent le plus souvent se rendre à l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint Georges), au Régina, à l'hôtel Safir (ex-Aletti) ou à Albert 1er. Dans ces établissements classés entre trois et cinq étoiles, les chambres se réservent le plus souvent à l'avance et elles se paient chèrement. Les gens les plus modestes financièrement fréquentent plutôt les hôtels, hammams et dortoirs des anciens quartiers de la ville. 700 DA minimum la nuitée En ville, à quelques exceptions près, il est impossible de trouver une place, pour une seule nuit, à moins de 700 DA. C'est le seuil minimum que proposent les gérants des hôtels de la rue de la Liberté par exemple. A ce prix, les hôtels affichent complet dès 18h. Une fois toutes les chambres prises pour la nuit, le dernier venu ne peut même pas accéder à la réception, soit parce que la porte d'entrée est fermée, soit parce que le réceptionniste vous crie depuis sa loge : «Nous sommes complets !», soit parce que votre figure ne plaît pas à monsieur le réceptionniste ! Une fois à l'intérieur de l'établissement, le touriste a l'impression d'avoir fait un voyage dans le temps. Tout rappelle une époque révolue. Les hôtels, construits dès les années 1920, n'ont fait que changer de personnel. La structure et ses composantes sont restées en l'état. Dans les réceptions, une fois les formalités d'inscription accomplies, une fois les frais de réservation payés, le préposé au guichet vous remet une grosse clef pour ouvrir la porte de votre chambre, mais pas avant de vous avoir arraché un engagement de quitter les lieux avant 7h. Généralement, les hôtels de cette catégorie disposent d'une grande salle au premier étage. Cette salle fait office de salon. C'est là qu'on sert à boire et à manger. On y regarde aussi la télé. On devine facilement qu'aux étages supérieurs, dans les chambres, il n'y a pas de télé. Il suffit d'ouvrir la porte avec la grosse clef pour découvrir un aménagement sommaire : un lit, une fenêtre parfois condamnée et un coin qui sert de douche. Pas de télé donc, encore moins de journaux. Pas moyen également de se faire une beauté. Vous ne trouverez ni savon pour vous laver, ni miroir pour vous raser tranquillement, ni serviette. En refermant la porte, vous tombez nez à nez avec une notice jaunie mais toujours lisible. L'étranger aura le bonheur de découvrir le vrai nom de l'établissement ainsi que toutes les indications auxquelles il doit souscrire sans discussion. En gros, il lui est demandé de garder les lieux propres, de ne pas utiliser les douches (quand elles existent) en guise de toilettes. Les anciens meubles sont jalousement gardés même s'ils sont dégradés à force d'être utilisés. C'est ainsi qu'il existe des armoires sans portes et des lits sans pieds. A la place, les gérants ont trouvé la parade : placer le lit sur une rangée de parpaing. Les couloirs et les escaliers sont sombres le plus souvent. Un client insouciant risque de se heurter à un amas de gravas ou à un tas de meubles usagés qu'on a oublié d'évacuer. Les bruits de pas que provoquent les clients en circulant dans le hall central ou dans les escaliers sont entendus dans les chambres. Dans ces endroits, il est impossible de prétendre à la tranquillité. Les toilettes sont utilisées collectivement. Chaque couloir dispose de la sienne. Dans les WC, on trouve le plus souvent un gros bac rempli d'eau ainsi que des petits sceaux pour se laver. Mis à part tout cela, il est attendu du touriste qu'il se cache dans sa chambre et essaye de dormir. L'exercice n'est pas du tout facile : il faut d'abord supporter le bruit des voitures puis les cris des marginaux de la ville qui se trouvent sous l'emprise de la drogue. Des dortoirs difficilement accessibles Contrairement aux hôtels classés, les places dans les dortoirs sont beaucoup moins chères mais très difficilement accessibles pour un nouveau débarqué. Dans ces hôtels dits zéro étoile, les gérants préfèrent louer des lits pour tout le mois avec un paiement à l'avance. Cela revient entre 2000 et 5000 DA la place (lit). Les chambres sont occupées par deux à quatre personnes. Les intéressés sont toujours des étrangers à la ville. On y retrouve le plus souvent des Kabyles et des Djidjeliens. Il y a aussi des dortoirs qui admettent uniquement des étrangers venus des pays du Sahel (Mali et Niger notamment). La demande est terrible sur ces établissements. Ceux qui quittent les lieux, après y avoir passé jusqu'à 30 ans, s'arrangent toujours pour se trouver des remplaçants. C'est la raison pour laquelle un simple client n'a aucune chance d'être accueilli.Les conditions de séjour sont encore plus éprouvantes que dans les établissements moyens d'Alger-Centre. Le manque d'hygiène et les bagarres entre locataires constituent le gros des carences dans la gestion de ces lieux très prisés. En ville, que ce soit à Bab El Oued, à La Casbah, à Alger-Centre, à Belouizdad, à Hussein Dey ou à El Harrach, les dortoirs affichent constamment complets. Le rôle qu'ils jouent n'est pas négligeable. «Ils permettent d'absorber une bonne partie de la demande en places dans les hôtels», affirme à juste titre un cadre de la direction du tourisme d'Alger.