Les oubliés du relogement de haï Ibn Sina (ex-Victor Hugo) ne veulent pas baisser les bras. Ils comptent maintenir leur pression sur les services de la daïra pour bénéficier de logements qu'ils considèrent comme un droit inaliénable. Jeudi dernier, des dizaines de familles sinistrées, résidant dans des immeubles menaçant ruine dans ce quartier populaire, se sont rassemblées dès les premières heures de la matinée aux abords du 2e boulevard périphérique (ligne B), pour bloquer la circulation automobile très dense dans cet axe, en ce moment de la journée. Des hommes, des femmes et des vieillards ont tenté à plusieurs reprises de fermer cet axe routier, mais ils ont été dissuadés par les brigades antiémeute de la police dépêchées sur les lieux pour éviter tout débordement. La dernière annonce du chef de l'exécutif de wilaya, qui avait déclaré au début de la semaine dernière que près de 1500 familles sinistrées seront relogées avant la fin de l'année, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Ces familles sinistrées se disent exclues de presque toutes les opérations de relogement ces dernières années au profit des sinistrés des autres quartiers populaires de la ville, en particulier haï Nasr (ex-Derb) et El Hamri. «Ces sinistrés qui ne vivent pas les mêmes conditions précaires que nous ont profité de centaines de logements sociaux. Ce n'est pas normal et ce n'est pas juste. Nos immeubles sont classés menaçant ruine, qu'est-ce qu'il faut de plus pour postuler à un logement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire ?» s'interrogent-ils. Ces oubliés du relogement dénoncent l'injustice dans la distribution des logements sociaux par les autorités locales à Oran. Leur colère est montée d'un cran après avoir constaté que ce sont toujours les mêmes quartiers qui bénéficient à chaque fois d'opérations de relogement et essentiellement haï Nasr. Le comble est que régulièrement les services concernés par le relogement retiennent des bénéficiaires résidant dans des immeubles déjà évacués. Les anciens occupants de ces immeubles avaient déjà profité du relogement ces cinq dernières années. Ces immeubles évacués n'avaient pas été rasés par les services techniques de la commune d'Oran qui s'étaient contentés de démolir les accès et les parties communes. La démolition des accès de ces immeubles n'a pas dissuadé les squatters qui ont réinvesti les lieux. Cet état de fait est constaté dans plusieurs quartiers d'Oran, notamment aux 66 et 68 rue Ali Bouamama, ex-Montgolfier, à Saint-Eugène. Ces deux immeubles ont été évacués, mais quelques jours après des sans-abri les ont réoccupés, transformant les lieux en un véritable repaire de brigands. Hier, ces oubliés se sont donné le mot pour observer, dans les prochains jours, un sit-in devant le siège de la wilaya. «Nous allons donner un tour de vis à notre protestation, les autorités doivent nous écouter cette fois», disent-ils.