Nora Hamdi au Temps d'Algérie : Après son premier long métrage Des poupées et des anges, la romancière, scénariste et réalisatrice Nora Hamdi adapte son cinquième livre La maquisarde sur grand écran. Le film met en lumière la résistance d'une jeune héroïne, Nehla, qui a combattu, aux côtés des hommes, durant l'époque coloniale marquée, notamment, par la torture, les emprisonnements et les souffrances subies par les femmes. La maquisarde est inspiré du parcours combattant de sa mère qui a milité pour l'indépendance de l'Algérie, mettant sous les feux de la rampe les sacrifices de toutes les femmes qui ont combattu dans l'ombre durant la guerre de Novembre 1954. Rencontrée récemment à la librairie du Tiers-monde à Alger, elle revient dans cet entretien sur son roman et le projet du film qu'elle prépare. Le Temps d'Algérie : Pourquoi avoir écrit un livre pour l'adapter par la suite au cinéma ? Nora Hamdi : Je me suis inspirée de ma mère pour faire ce livre. Ce qui me permet de la prendre en exemple et de parler des autres femmes. Ma mère étant une femme populaire, j'ai écrit le livre et maintenant je travaille sur le film pour montrer et mettre en lumière ces femmes, ces icônes du peuple. Ma mère était une femme illettrée, paysanne à l'époque. J'ai eu l'idée de parler de toutes les femmes qui comme elles n'ont pas eu la parole, tous ces parcours qui passent sous silence et qui disparaîtront à jamais. Je ne pouvais participer à cela sans rien faire. Donc, c'était un peu aussi pour ancrer ce parcours dans la mémoire populaire et qu'il reste à travers les générations. Donc, à partir de là, j'ai voulu écrire ce roman, et je voudrais maintenant le visualiser à travers un long métrage, mettre des images sur les mots.
Est-ce un cadeau que vous offrez à votre mère et aux anciennes combattantes ? Je dédie ce livre ainsi que le film à la mémoire de toutes les femmes disparues et tuées lors de la guerre de Libération nationale. Ces femmes n'avaient pas de documents d'identité, et elles ne parlent pas beaucoup de leur combat, cela reste enfermé dans un cercle masculin d'autant plus qu'il n'y a pas de chiffre qui définit le nombre de femmes qui ont combattu pour la cause nationale.
Etant un livre quelque peu historique, la récolte d'informations et le travail de recherche a été difficile ? C'était un peu difficile d'évoquer ce thème. On était très petits, on n'a pas vécu la guerre, ce temps était très difficile, et malgré toutes ces difficultés et la grande souffrance, ces femmes ont mené un combat époustouflant. Je pense que la moindre des choses qu'on puisse faire est de récupérer leurs témoignages, les raconter ainsi que leurs parcours pour qu'ils soient connus de tous. On est des privilégiés, on est libre grâce à eux, en parler pour moi, c'est un devoir.
Combien de temps avez-vous pris pour l'écriture du livre et combien il vous faudra pour réaliser le film? J'ai mis 3 ans pour écrire ce livre. Je suis allée en Algérie pour rencontrer ma famille, car ma mère vit en France. Il fallait aller voir ces maquisards, récolter leurs témoignages, faire un travail d'archives et de recherches car même s'il y a une partie romanesque dans le livre, ça reste des faits historiques, rien n'est inventé. C'est un livre historique, je ne pouvais me permettre de raconter des histoires fausses. Même s'il y une part de fiction, elle est basée sur des faits historiques.
La maquisarde va être adapté au cinéma, parlez-nous un peu de ce projet ? Je suis à la villa Abdelatif à Alger pour l'écriture du scénario. En même temps, je fais le casting ici en Algérie, car j'aimerais une actrice algérienne. Ce long métrage dont le scénario est en phase d'écriture, est inspiré de faits historiques véridiques vécus et relatés par un ancien maquisard, mon oncle, témoin vivant de la Révolution armée de 1954.
Quels sont les critères que vous recherchez chez les comédiens pour ce film ? Je cherche la jeune fille qui jouera ma mère (Nehla) depuis le début du mois de juillet. J'ai fait quatre castings à Alger sans trouver le profil qui correspond à mes attentes. Pour les jours à venir, j'irais à Tizi Ouzou en Kabylie, peut-être que je la trouverais là-bas, je voudrais une inconnue pour ce rôle, même s'il y a un casting en France. Où s'effectuera le tournage du film ? Le tournage du film s'effectuera en Algérie et en France. Il s'appuie également sur des archives, photos, presse de l'époque coloniale, revisitées au Musée du moudjahid à Alger.