Nos ressortissants sont-ils les bienvenus dans les consulats d'Algérie en France ? Sont-ils bien accueillis par un personnel sympathique et hospitalier ? Comment se déroule l'opération de délivrance des passeports biométriques ? Y a-t-il des défaillances dans la prise en charge des membres de la communauté engagés dans une course contre la montre ? Pour l'association des «Algériens des deux rives et leurs amis» (Adra), se serait enfoncer une porte ouverte que de dire que les ressortissants algériens souffrent terriblement d'une bureaucratie étouffante couplée à l'arrogance de certains préposés à l'accueil. «Les consulats d'Algérie sont les lieux les plus dangereux. Surtout pour les femmes algériennes», explosent les membres de cette association destinataires d'une série de plaintes. Ils affirment en effet avoir recueilli en l'espace de quelques semaines plusieurs plaintes de citoyens ayant subi des violences au sein de ces consulats. Joint par téléphone, le président de cette association, Yougourthen Ayad, confirme : «Ces violences se produisent quasi-quotidiennement. Nos concitoyens sont confrontés à des séquestrations, confiscations de passeports, de téléphones, à des violences verbales, insultes, intimidations et menaces», soutient-il. Et d'ajouter : «Les personnes qui nous contactent pour dénoncer ces violences ne cachent pas leurs craintes. Ils disent être traumatisés par ce qui se passe dans ces consulats». Pour étayer ses dires, il s'appuie sur le témoignage de l'une des victimes, Kahina G., qui a vécu une incroyable mésaventure au consulat d'Algérie à Paris. Le cauchemar de Kahina «Je suis allée là-bas le 13 juillet dans le but de récupérer mon passeport biométrique et celui de ma fille âgée de 5 mois. J'ai déposé les récépissés et on m'a demandé de revenir dans deux heures, alors j'ai quitté le consulat. A mon retour, je demande à la dame qui délivre les passeports si elle m'avait appelée pendant mon absence, elle me répond par la négative. Soudain, j'entends un agent de sécurité vociférant : «La famille, les accompagnateurs et les machins doivent sortir !» Il s'approche de moi en me demandant ce que je faisais là ! Je lui réponds que j'attendais de récupérer mon passeport. L'homme, d'un air presque menaçant, lance : «On vous a prévenus que la présence des enfants n'est pas obligatoire, vous, vous avez ramené votre enfant, donc vous assumez !» «J'avais ma fille qui dormait dans mes bras. Je lui demande de me laisser passer pour demander à la dame si elle m'avait appelée sous mon nom de jeune fille, et c'est à cet instant que l'agent me dit non, et me repousse avec ses mains. Je lui dis : «Ne me touchez pas, vous n'avez pas le droit». Il me répond, me défiant : «J'assume ce que je fais», en recommençant à me pousser et en bousculant ma fille. Ce geste m'a bouleversée, et des personnes m'ont aidée à me mettre à l'écart». Des toutous… Prise de panique, Kahina se rend à un bureau de responsable pour lui raconter les faits et tombe nez à nez avec son «agresseur». «Je suis montée pour voir un responsable et je croise ce fameux agent. Je lui dis d'attendre car j'ai appelé un responsable et il me répond en arabe «rouhi, rouhi» (vas-y, vas-y). Le vice-consul est arrivé et m'a demandé de l'accompagner dans une petite salle». Pensant pouvoir réparer le préjudice physique et moral qu'elle a subi, le cauchemar de Kahina ne faisait finalement que commencer. «Dans cette salle se trouvaient le fameux agent et un monsieur. Nous étions 4 adultes avec mon bébé. Je raconte les faits et l'agent de nouveau m'interrompt en disant : «Elle ment !» Le vice-consul a commencé à me dire que les ressortissants algériens se conduisent comme des «toutous à la préfecture et ils veulent faire la loi au consulat», ajoute Kahina, qui a finalement récupéré ses passeports sans la moindre excuse. Pour le président d'Adra, d'autres cas ont été déplorés. Il dit pourtant avoir lancé plusieurs appels aux autorités consulaires. En vain. «Les députés de la communauté algérienne doivent dénoncer vigoureusement ces agressions et intervenir une bonne fois pour toutes pour éviter à nos compatriotes de subir toutes sortes d'humiliations dans ces consulats au risque que l'irréparable ne produise». Pourquoi des Algériens résidant en France ne peuvent-ils pas espérer une prise en charge digne de ce nom par une administration rattachée à leur pays ? Pourquoi ce mépris envers ces citoyens qui ne demandent qu'à se voir délivrer des documents pourtant indispensables pour leurs démarches administratives ? Ces interrogations sont toujours posées.