L'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation nationale au Mali traverse une rude épreuve. En témoignent les affrontements armés dans la localité d'Anéfis, au nord, entre faction rivales. Les déplacements récents effectués en Algérie par Mongi Hamdi, chef de la mission intégrée de stabilisation multidimensionnelle des Nations unies au Mali (Minusma) et du président malien Ibrahim Boubacar Keïta soulignent également la menace qui pèse sur l'Accord d'Alger. C'est précisément pour le «sauver» et le faire appliquer que le président du Mali est arrivé dimanche en Algérie. La présidence de la République a rendu public un communiqué dans lequel il est souligné que les deux chefs d'Etat accorderont au cours de leur discussion une place particulière à des discussions sur «la mise en œuvre de l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali». Cet accord qui vise à l'instauration de la paix au Mali a été «malmené» par de malheureux accrochages violents au nord du Mali entre factions armées rivales. Mi-août, des affrontements meurtriers ont opposé dans le nord du Mali des groupes armés pro-gouvernementaux à la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), composée essentiellement de mouvements touaregs armés. L'Algérie et le Mali, qui partagent une longue frontière commune, ont tout intérêt à ce que les dispositions de cet accord soient mises en œuvre. En revanche, cette atmosphère tendue de ni guerre ni paix arrange plutôt les affaires des organisations terroristes et des trafiquants de drogue au nord du Mali. De fait, ces organisations n'ont pas intérêt à ce que la paix revienne dans cette région pour contrôler et s'imposer en maîtres des lieux. Tension au Nord L'Algérie et le Mali qui avaient décidé de «renforcer la coopération militaire, sécuritaire et la lutte contre le terrorisme et le trafic» et de mettre en place un «programme spécial de développement économique des régions du Nord du Mali et des zones frontalières» œuvrent à l'instauration de la paix maintes fois remise en cause par des affrontements armés. L'Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, signé le 20 juin dernier à Bamako, est actuellement dans sa phase de «test». Les différents acteurs savent qu'il est vital qu'il soit appliqué. «Tout doit être mis en œuvre» pour son application, a indiqué lundi à Alger le ministre malien des Affaires étrangères, de l'Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. L'ONU menace «L'Accord d'Alger est en train de passer maintenant dans sa phase de test par les différents acteurs. Nous savions qu'il y aurait des difficultés. Ce qui est important et malgré les incidents sur le plan sécuritaire ces derniers temps, l'Accord se révèle un motif essentiel», a déclaré à la presse Abdoulaye Diop à l'issue de l'entretien qu'il a eu avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. Les autorités maliennes «vont exiger l'application de l'Accord d'Alger avec fermeté sur toutes les parties prenantes», a-t-il dit. Sur le terrain, la situation au nord du Mali s'est aggravée avec le refus exprimé dans un communiqué publié samedi de la Plateforme pro-gouvernementale composée des groupes d'autodéfense dans le nord du Mali de quitter Anéfis, dans la région de Kidal, au nord du Mali. Pour trouver un dénouement de la crise entre la CMA et la Plateforme dans la région de Kidal, le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a été reçu en audience par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui a estimé que les affrontements dans cette région constituent «des violations graves du cessez-le-feu». De son côté, l'organisation des Nations unies a menacé la Plateforme de sanctions. En attendant, les yeux sont braqués sur Alger où les président Bouteflika et Keïta devront sortir avec une feuille de route pour ramener les parties en conflits à la table des négociations.