L'annonce par le Cnes d'une grève de 15 jours en cette période critique de l'année universitaire n'a visiblement pas laissé les autorités concernées indifférentes. La réunion Cnes-Harraoubia, proposée par ce dernier et qui s'est tenue lundi pendant 6 heures, en est la preuve. Cependant, face à l'optimisme du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, qui tient à rassurer les représentants du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) que leurs revendications seront prises en considération, le Cnes, en la personne de Malik Rahmani, son coordinateur, reste prudent. Plusieurs thèmes ont été abordés «sans tabous» pendant cette réunion, notamment la question de la gestion de l'université qui, selon notre interlocuteur, constitue un sérieux problème qu'il est primordial de traiter dans les plus brefs délais : «Il faut avant tout bannir le clientélisme et l'ambiguïté dans la gestion de l'université algérienne afin de préserver l'image de marque de celle-ci.» Plusieurs autres questions non moins importantes ont été débattues lors de cette rencontre. La levée des sanctions qui pèsent sur des enseignants grévistes en a fait partie. Après la réintégration d'Ahmed Rouadjia, enseignant à l'université de M'sila suspendu pendant douze mois, le Cnes a présenté au ministre une liste de cinq autres enseignants dont il exige la réintégration «comme préalable à la poursuite du dialogue», affirme M. Rahmani. Les revendications classiques du syndicat ont été également débattues, notamment les questions des salaires, du logement ainsi que la démocratisation de l'université et la restauration des libertés syndicales au sein de la corporation, sans oublier le phénomène de la violence qu'il est «urgent d'éradiquer définitivement de notre université». «Le ministre s'est montré prêt à prendre en considération toutes ces revendications et s'est engagé à les satisfaire. Un procès-verbal sera signé aujourd'hui pour entériner l'ensemble des résolutions issues de la réunion.» M. Rahmani affirme cependant que le Cnes ne donne aucune garantie quant au gel de la grève avant que le conseil national, qui se tiendra au cours de la semaine prochaine, n'étudie le PV en question et le juge satisfaisant. «Aujourd'hui, la situation est à tel point alarmante qu'on ne peut s'offrir le luxe de faire des concessions. L'engagement du ministre est certes un bon indice mais le plus important demeure sa concrétisation et surtout son suivi permanent», affirme-t-il. Et d'ajouter qu'un plan de travail en commun sera élaboré entre le Cnes et la tutelle, notamment des réunions d'évaluation régulière qui assureront le bon suivi des réformes à entreprendre. Le coordinateur du Cnes ne manque pas de rappeler que, «malheureusement, c'est la énième réunion avec la tutelle. Les précédentes n'ont découlé que sur des promesses jusqu'à aujourd'hui non tenues. On ose espérer que celle-ci sera fructueuse et mettra fin aux problèmes que vit l'université algérienne».