C'est ce que pense la présidente de la Fédération des associations des handicapés moteurs, Mme Atika El Mameri, qui estime que la scolarisation des handicapés moteurs est un problème sérieux en Algérie. Pour notre interlocutrice, leur suivi reste insuffisant pour réussir une vie professionnelle épanouie, quand bien même nombre de handicapés moteurs suivent des cours particuliers. "Quand on voit que seuls 11 handicapés sur 2 millions atteignent le niveau du baccalauréat, on mesure l'ampleur de la tâche à entreprendre pour la prise en charge correcte de cette catégorie défavorisée", précise-telle, ajoutant que les quelques écoles pour handicapés moteurs en Algérie ont été fermées ou s'acheminent vers la fermeture. C'est le cas de l'école d'El Harrach, qui n'existe plus, et de celle de Misserghine, à Oran, qui va probablement fermer. Elle souligne qu'il serait judicieux que les autorités créent des institutions "palliatives" ou transitoires qui permettent à l'élève handicapé de s'intégrer dans les écoles normales. Mme El Mameri entend par institution palliative, une école qui prépare l'insertion du handicapé dans les écoles publiques, ce qui éviterait de créer des espaces "spécialisés" comme le recommande l'Unesco depuis quelques années. L'objectif est d'arriver à une certaine "socialisation" de cette catégorie d'enfants et d'adolescents. D'après l'étude réalisée par l'association et intitulée "Ecole, famille et prise en charge psychologique et sociale", 82% des handicapés ne sont pas scolarisés. Le peu de handicapés fréquentant l'école devraient, selon notre interlocutrice, avoir cette capacité de passer les examens de fin de parcours dans des conditions adéquates à leur handicap, à l'image des handicapés des pays développés. Mme El Mameri propose, par exemple, de leur accorder plus de temps lors des examens. La présidente de l'Association nationale de soutien aux personnes handicapées "El Baraka", Mme Flora Boubergout, souligne pour sa part que le combat pour la scolarisation des handicapés moteurs est loin d'être fini. Elle précise que son association travaille depuis trois ans avec une organisation non gouvernementale internationale (ONG) pour un programme de scolarisation de ce genre de handicapés. Cependant, tant que les citoyens algériens n'accepteront pas les handicapés dans les lieux sociaux, le travail d'intégration du handicapé ne sera jamais accompli. "La vision de notre politique qui veut que les parents choisissent la facilité en plaçant leur enfant handicapé dans des centres spécialisés jusqu'à l'âge de 18 ans (âge limite d'admission dans ces centres), et lorsqu'on voit des directeurs d'école et des enseignants refuser l'enfant handicapé dans leurs classes, l'on est certain qu'on aura du pain sur la planche pour les 50 prochaines années à venir", ajoute la présidente de l'association, précisant que seuls deux à trois handicapés fréquentent l'école normale par daïra. Il serait utile que l'on se penche sérieusement sur la scolarité des handicapés moteurs en mettant en œuvre des dispositifs nécessaires, tels que la création du métier d'accompagnateur qui suit le handicapé quotidiennement (ce qui fera travailler beaucoup de chômeurs) et l'adaptation des postes correspondants à leurs besoins (tables spéciales, gadgets pour écrire …) conclut-elle.