Les derniers jours ont été tragiques pour quelques familles algériennes qui ont appris le décès de leur proche à La Mecque. 14 Algériens ont perdu la vie lors d'une bousculade à Mina, tandis que 54 autres n'ont toujours pas répondu à l'appel sur place, selon le dernier communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le stress et l'angoisse des familles des hadjis qui sont toujours portés disparus en Arabie saoudite perdurent. Ces familles sont sur des charbons ardents depuis cette date fatidique du 24 septembre dernier. Aucune information sur leurs proches n'est pour l'instant donnée. Au fil des jours, certains commencent déjà à perdre espoir. Les nouvelles des lointains Lieux Saints ne parviennent pas et font craindre le pire aux familles des disparus. Certains d'entre eux disent «ne plus savoir quoi faire, ni à quelle porte frapper». Leur attente n'a que trop duré. Chaque minute qui passe sans nouvelles de leur famille est une dure épreuve. Des enfants et des femmes d'Algériens partis en Arabie saoudite accomplir le cinquième pilier de l'Islam se demandent «pourquoi tant de temps pour savoir ce que sont devenus leurs proches». Leur espoir est suspendu au ministère des Affaires étrangères. Ce dernier a d'ailleurs annoncé un bilan alourdi avec le décès de trois autres victimes, ce qui porte le total de 11 à 14 personnes. Il s'agit de trois hommes originaires respectivement des wilayas de Relizane, Oran et Djelfa. Le bilan du MEA demeure provisoire puisque 54 hadjis n'ont toujours pas rejoint leurs lieux d'hébergement, précise le dernier communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Les appels de soutien fusent de partout», témoigne une dame d'Alger dont le père est porté disparu. Le fait que la plupart des hadjis de la délégation algérienne sont âgés, donc vulnérables, ne fait qu'accentuer l'inquiétude de leurs proches. Le MAE assure dans son dernier communiqué de jeudi que la cellule de crise «demeure mobilisée avec l'ensemble de la mission pour localiser et identifier toutes les victimes de cette tragédie». Cette cellule de crise en coordination avec celle du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs «continue à suivre l'évolution de la situation de nos hadjis aux Lieux Saints, en liaison avec le consulat général d'Algérie à Djeddah qui assure la coordination avec l'ensemble des composantes de la Baâtha», souligne également le ministère des Affaires étrangères dans ce même document. Deux catastrophes prévisibles Le pèlerinage a été marqué cette année par deux tragiques événements. En plus de la bousculade de Mina le jour de l'Aïd El Adha, c'est la chute d'une grue le 11 septembre dernier qui a plongé de nombreuses familles dans l'émoi. Cet accident qui a eu lieu à la Grande mosquée de La Mecque a causé la mort de 107 personnes, dont 2 Algériens. Les autorités saoudiennes ont assuré, au lendemain du drame du 11 septembre, que «le roi d'Arabie saoudite, Mohamed Ben Nayef, a ordonné de sanctionner la puissante firme de bâtiment Bin Laden Group, chargée du chantier d'extension des Lieux Saints à La Mecque, jugée par une commission d'enquête en partie responsable de la chute de la gigantesque grue». Par contre, lors des bousculades de Mina, des ministres saoudiens ont rejeté la faute sur les pèlerins qui «n'ont pas suivi les instructions». Il faut dire qu'en dépit des travaux pharaoniques lancés pour permettre à plus de pèlerins de venir accomplir le 5e pilier de l'Islam, l'Arabie saoudite a tout de même maintenu les quotas. C'est à se demander si toutes les conditions étaient réunies pour accueillir autant de monde. En effet, il aurait été sans doute plus judicieux de diminuer le nombre de pèlerins pour une meilleure prise en charge.