On les entendait jusque-là s'exprimer exclusivement sur des sujets en lien avec la sécurité aux frontières, la stabilité dans les pays arabes et des questions «d'intérêt commun». Les deux ministres en charge des Affaires étrangères ont adopté, ces derniers temps, des discours plutôt orientés vers la diplomatie économique. Baisse des prix du pétrole oblige, la diplomatie algérienne se doit de changer de registre pour un discours de plus en plus offensif en matière économique. A Paris comme à New Delhi, Ramtane Lamamra et Abdelkader Messahel ont, tour à tour, pris le rôle, jusqu'alors attribué au seul ministre en charge de l'Energie, pour évoquer avec des responsables français et indiens des questions en lien avec les hydrocarbures. «Il faudra que les prix du pétrole se stabilisent à un niveau raisonnable», avait déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, à l'issue de l'audience que lui a accordée le président français, François Hollande. Outre les prix, Lamamra s'était même exprimé sur la stratégie qu'adopte le pays vis-à-vis de l'Opep. «Nous continuons à travailler et nous n'irions vers un sommet de l'Opep que si nous étions assurés de son succès», avait-il précisé à la presse. Jeudi, c'était au tour du ministre des Affaires maghrébines, de l'UA et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, de lui emboîter le pas en s'entretenant à New Delhi avec le ministre indien du Pétrole et du Gaz naturel, Dharmandra Pradhan. L'entretien, qui s'est déroulé en marge des travaux du 3e sommet du forum Inde-Afrique a, selon l'APS, porté essentiellement sur la coopération entre les deux pays dans le domaine des hydrocarbures. Une position inhabituelle dans les anales du pétrole et du gaz algériens, lorsque l'on sait que les membres du gouvernement prennent le soin de ne pas «empiéter» sur les prérogatives de leurs collègues au risque de commettre des «bourdes». Le cas de l'ex-ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, qui minimisait les conséquences du marché parallèle des devises sur l'économie nationale en est la parfaite illustration. Mars, Lamamra avait déjà insisté sur l'investissement de son secteur dans le soutien de l'émergence de l'économie nationale en y contribuant à la faire hisser sur les marchés mondiaux. Pour ce faire, le ministre a fait savoir que l'ensemble des ambassadeurs et des consuls généraux ont participé à un séminaire de formation dans ce sens. Lamamra a, par ailleurs, évoqué la nécessité de procéder à la facilitation de la circulation des chefs d'entreprise à l'étranger, dans le cadre d'un plan établi par les services de son département. Voulant probablement joindre l'acte à la parole, Lamamra et Messahel montrent le chemin.