La Banque d'Algérie, qui envisage d'examiner la proposition des titres émis par le Fonds monétaire international (FMI) pour renflouer ses caisses, devra bien négocier. C'est ce que recommandaient hier des experts et des économistes joints à ce sujet. «Il est important de savoir ce que peut procurer cette contribution en termes de rémunération et d'influence au sein du FMI», soulignent-ils également. L'Algérie dispose d'importantes réserves de changes d'un montant dépassant les 140 milliards de dollars jusqu'à fin avril 2009. Ne disposant pas de fonds souverains, l'Algérie a placé ses avoirs dans des bons du Trésor considérés comme des placements sécurisés permettant à l'Algérie de conserver son capital et de récupérer des intérêts modestes. Il y a quelques jours, le FMI a sollicité l'Algérie à racheter des titres obligataires lancés dans le cadre de la politique de relance économique au lendemain des décisions du G20 lors du sommet d'avril. «L'Algérie doit bien évaluer et négocier une participation plus grande aux ressources du FMI. Elle doit aussi obtenir une influence plus importante au sein de cette institution», a proposé hier l'économiste Mustapha Mekidèche. Ce spécialiste des questions économiques pense que la demande de l'augmentation de la participation financière au sein du FMI, adressée aux pays ayant des excédents financiers, comme les Etats exportateurs de pétrole et les pays émergents, devra permettre en contrepartie une plus importante influence. «Cette participation financière est appelée à se traduire par la restructuration des rapports de force et des droits de vote. Ces titres seront assortis de taux d'intérêts bas, similaires à ceux pratiqués pour les bons du Trésor américains», nous confie-t-il, ajoutant que les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) souhaitent une restructuration du FMI notamment pour ce qui concerne les droits de vote. Les pays émergents ayant une plus importante participation financière veulent obtenir en contrepartie une influence plus grande au niveau du conseil d'administration et des organes de l'institution. L'investissement interne à privilégier L'économiste Bachir Messaitfa a estimé, quant à lui, que l'Algérie gagnerait à mobiliser ses avoirs dans des investissements en interne. Ses arguments sont, entre autres, le déséquilibre de la balance commerciale favorisé par la dominance des exportations d'hydrocarbures et l'importance des investissements à engager dans le cadre du nouveau plan quinquennal 2009-2014. «L 'Algérie est un pays monoexportateur d'hydrocarbures. Le pays est soumis actuellement aux fortes fluctuations du marché pétrolier», explique-t-il en notant que ces points constituent des contraintes pour le Trésor public dont 60% des recettes sont liés au pétrole. Les engagements du gouvernement pour renforcer le secteur agricole et augmenter les salaires impliquent de nouvelles dépenses, selon cet expert. La stratégie orientée vers l'amorce d'une baisse des importations à travers des investissements dans les filières lait, céréale et médicaments nécessitent, soutient-il, des financements importants. Cela sans compter la création de 200 000 PME par an. A la lumière de ces projets, le gouvernement devra se concentrer sur l'investissement interne. Les fonds actuels en devises restent insuffisants pour couvrir les besoins nationaux et réaliser des placements, a estimé Bachir Messaitfa, ajoutant que «l'Algérie ferait mieux d'investir ses fonds dans les projets de production interne suivant une politique économique bien étudiée et rentable que de s'orienter vers des placements extérieurs moins rémunérés».