L'économie nationale cumule actuellement les chiffres alarmants. En sus de ceux relatifs aux différents agrégats du pays, le volume du transfert illicite des devises, pourtant condamné par la réglementation en vigueur, a atteint des proportions dangereuses. Le ministre du Commerce qui qualifie ce phénomène de «délinquance économique» a révélé que 30% des 60 milliards de dollars du volume global des importations ont fait l'objet de transferts illicites de devises. Si dans le jeu de l'arithmétique pure cela fait 18 milliards de dollars, c'est plutôt beaucoup d'un point de vue agrégats notamment en ces temps de tarissement continu des réserves en devises du pays. Bakhti Belaïb qui intervenait hier sur ondes de la Chaîne III de la Radio nationale a ajouté, à propos de ce phénomène, que 24 000 constats d'infraction ont été enregistrés par les services de son département ministériel uniquement durant le premier semestre de l'année en cours. Ces derniers ont également bloqué aux frontières 24 000 tonnes de marchandises ne répondant pas aux normes, et poursuivie en justice plus d'une centaine d'importateurs indélicats. L'autre vérité annoncée par Belaïb est que l'infraction relative à la dissimulation de chiffre d'affaires durant la même période de référence avoisine les 40 milliards de dinars. Reste la question des véritables bénéficiaires de cette fuite des capitaux. Là, le ministre du Commerce, contrairement à une idée reçue, a révélé que ce sont plutôt les entreprises algériennes ou en d'autres termes les opérateurs nationaux qui sont plus impliqués dans cette pratique via notamment les sociétés écrans au sein desquelles «ils sont en même temps acheteurs et vendeurs» que les entreprises étrangères. A propos de la décision d'instaurer des licences d'importation «sur une quinzaine de produits phares, pesant lourdement sur la balance des paiements» qui a été prise, pour rappel, mercredi, l'invité de la rédaction de la Chaîne III a assuré que ce mécanisme qui entrera en vigueur en janvier 2016 «va permettre de mieux organiser la transparence au niveau de ces dernières et de vérifier notamment que les opérateurs ont réellement répercuté sur le marché national les prix des produits acquis à l'étranger». Interrogé sur l'un des modes de paiement pris dans la LFC 2009 à savoir le Credoc, Bakhti Belaïb s'est dit totalement «opposé». «Je suis contre ce mode de paiement qui ne sert pas mon pays», a-t-il souligné, ajoutant que les opérateurs algériens «se font arnaquer» parce qu'ils «payent une marchandise avant de la voir».