Longtemps absente du continent noir, les yeux rivés vers le Vieux continent, l'Algérie s'est retrouvée dans une situation où elle n'est présente, du moins économiquement, dans aucun des deux territoires. Etant de plus en plus infranchissable, la barrière économique et commerciale qu'érige l'Union européenne contre d'éventuelles exportations de produits algériens a obligé les opérateurs et la diplomatie économiques à s'orienter vers d'autres marchés. Parmi les propositions qui s'offrent à l'Algérie en ces temps de crise, l'Afrique est la plus indiquée. Pour avoir un pied sur la terre d'Afrique, l'Algérie est en train de déployer des efforts en termes d'ouverture de comptoirs commerciaux et de lignes aériennes directes. D'ailleurs, une annonce a été faite dans ce sens par l'ambassadeur d'Algérie nouvellement accrédité à Yaoundé, Merzak Bedjaoui, qui a déclaré qu'«un comptoir commercial» sera ouvert en 2016 à Douala, la métropole économique camerounaise, et une ligne aérienne d'Air Algérie établie par la même occasion pour permettre un accroissement des échanges commerciaux pour le moment faibles avec le Cameroun. Outre Douala, où des opérateurs algériens sont déjà présents, même timidement, à l'instar du groupe Belcol, des entreprises algériennes, notamment celles activant dans le secteur de l'industrie agroalimentaire, occupent le terrain, que ce soit en termes d'exportation ou alors dans des investissements. C'est le cas de la SNVI, dont les camions et bus se vendent très bien au Togo, au Burkina Faso, au Soudan, au Mali ou au Niger. Si les produits des compagnies publiques sont moins présents, les entreprises privées sont par contre plus remarquées. Pour ne citer qu'elles, Cevital, Rouiba ou encore Amimer Energie ont des parts du marché africain et arrivent même à créer des emplois et de la richesse. Mais pour pouvoir développer les affaires entre pays, il faudrait que la logistique et les transports suivent. Sur ce sujet, le Premier ministre Abdelmalek Sellal lui-même n'a pas manqué d'instruire les responsables du secteur des travaux publics, lors de sa dernière visite dans la wilaya de Blida, à accélérer la cadence du dédoublement la RN 1, au niveau de La Chiffa-Boughezoul qui sera, une fois ouverte à la circulation, raccordée à la Transsaharienne. Cette route qui connectera à terme l'Algérie à ses voisins du Sud constituera, selon le chef de l'exécutif, une colonne vertébrale pour l'industrie et l'agriculture algériennes, mais aussi pour le nouveau port de Cherchell, à partir duquel des marchandises en tous genres transiteront. Si au niveau du transport terrestre, une cinquantaine de kilomètres seulement restent à ouvrir pour que la Transsaharienne soit opérationnelle, la liaison aérienne entre l'Algérie et le reste de l'Afrique reste faible. Mis à part les six liaisons existantes entre Alger et des villes comme Bamako (Mali), Niamey (Niger), Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d'Ivoire), Nouakchott (Mauritanie), Ouagadougou (Burkina Faso), il faut attendre 2016 pour prendre un vol direct d'Air Algérie à destination de Douala et Yaoundé (Cameroun), Addis-Abeba (Ethiopie), Libreville (Gabon), N'Djamena (Tchad), et 2017 pour s'envoler vers Cotonou (Bénin), Conakry (Guinée) et Lomé (Togo). La volonté de renforcer les liens entre Alger et des pays africains se traduit également au niveau politique. Les visites ces derniers mois de plusieurs présidents africains en Algérie se veulent une preuve d'un tel vœu et des clins d'œil vers les investisseurs algériens à s'intéresser à des pays qui sont à leur porte.