La situation de crise en apparence syndico-syndicale que traverse le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar depuis près de deux mois commence à provoquer des inquiétudes chez l'encadrement en particulier. Des voix s'élèvent en effet depuis les unités les plus reculées du site annabi pour prévenir que le conflit qui oppose aujourd'hui les deux ailes du même syndicat d'entreprise pour des problèmes de leadership a fait perdre de vue aux représentants des travailleurs que le danger pour la préservation de leur outil de travail vient d'ailleurs. Selon ces cadres très au fait de ce qui se passe au sein des ateliers, il y aurait réellement péril en la demeure s'agissant notamment de la première étape de l'accord de partenariat liant l'Etat algérien à ArcelorMittal et qui s'achève normalement en octobre 2011. Une étape avec laquelle prennent fin également les facilités fiscales et parafiscales accordées contractuellement au partenaire providentiel qu'aura été le géant mondial de l'acier, à un moment où le complexe El Hadjar étouffait sous les dettes et menaçait sérieusement de fermer ses portes. Une conjoncture effrayante pour des milliers de travailleurs que personne dans cette région du pays n'est près d'oublier, il faut l'avouer. Il est vrai que l'aspect essentiel de la privatisation des usines de l'En Sider, à savoir la parité majoritaire de 70% arrachée par le partenaire indien Ispat en 2001, ne saurait être remis en cause. Se voulant rassurant à ce propos, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des Investissements rappelait depuis Annaba, où il était en visite de travail, il y a deux semaines, que l'accord de partenariat est fixé sur une parité de 70/30 et pour une durée de 99 ans. M. Temmar, devait toutefois confirmer que l'Etat algérien est en mesure de réviser au terme de la décennie de «grâce» 2001-2011 les termes du contrat de partenariat, s'agissant des clauses relatives à la fiscalité et à la parafiscalité. Il faut rappeler qu'une préoccupation similaire avait été exprimée dans les milieux économiques et syndicaux il y a deux ans suite à des rumeurs sur un risque de désengagement d'ArcelorMittal du complexe sidérurgique d'El Hadjar. La protection des intérêts des parties en présence, ArcelorMittal et l'Etat algérien en l'occurrence, demeure il est vrai une question de négociations directement liées à un processus contractuel élaboré et approuvé conjointement par celles-ci. Ceci étant, très peu de personnes du nombre des cadres en fonction à El Hadjar seraient prêtes à parier sur l'avenir de l'accord de partenariat. Le pessimisme ambiant se serait exacerbé, apprend-on, après le départ précipité de Bernard Bousquet, début du mois de mai, alors qu'il devait seconder son successeur annoncé Vincent Le Gouic jusqu'au 30 juin. Le départ de M. Bousquet, qui était présenté comme l'homme de la relance des projets d'extension du complexe et de la mise en place du programme de réalisation de l'aciérie de 1 million de tonnes à Bellara (Jijel), annoncé officiellement par le PDG du groupe, Mittal Lakshmi, avait été précédé par l'éclatement de plusieurs scandales financiers.