La grève générale et illimitée, à laquelle a appelé le syndicat du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, après le refus des responsables de la direction générale de réhabiliter l'unité de la cokerie bien qu'étant encore observée depuis cinq jours, semble connaître un début de dénouement. Lors de la conférence de presse qu'il a animée hier matin, le syndicat d'entreprise pourrait annoncer la reprise des activités du complexe dès aujourd'hui. Ceci alors que les deux parties campaient sur leurs positions dans la recherche d'un compromis qui satisferait tout le monde. Le mouvement de protestation, suivi par l'ensemble des 7 200 travailleurs de l'entreprise, hormis ceux assurant le service minimum depuis mardi, pourrait donc prendre fin après que l'on eut craint le pire, notamment après la marche impressionnante provoquée au sein du complexe jeudi. Déterminés dans leur intention de faire plier la direction, les syndicalistes qui exigent la réhabilitation par tous les moyens de la cokerie, considérée comme étant une “partie intégrante du complexe” et, partant, un élément-clé pour un éventuel consensus, se disaient relativement satisfaits hier après-midi. Pour faire entendre leur voix et surtout amener la direction générale à revoir sa position, une impressionnante et longue marche de 5 kilomètres environ a, en effet, eu lieu jeudi dernier dans l'enceinte du complexe avant de s'arrêter face au siège du groupe Sider, lequel est situé à Chaïba. Ceci alors que la direction d'ArcelorMittal, numéro un mondial de la sidérurgie, avec des entreprises dans plus de 60 pays, continue de faire la sourde oreille devant les doléances des syndicalistes en affirmant qu'il existait beaucoup de problèmes à résoudre, en particulier au plan environnemental et qu'ils sont en capacité de sécuriser l'approvisionnement de l'usine en coke et surtout que la cokerie n'est pas au cœur du processus de fabrication de l'acier. À noter toutefois que M. Amar Belkacemi, le P-DG du groupe Sider détenteur de 30% du capital du complexe d'El-Hadjar, s'est adressé aux grévistes en la circonstance et s'est engagé à accompagner le plan d'investissement global proposé par ArcelorMittal Algérie. Ce nouveau plan d'investissement, dont le montant serait de près de 350 millions de dollars, aurait été officiellement soumis au gouvernement algérien. Selon Smaïn Kouadria, qui aurait eu connaissance de la teneur du programme de relance de ce plan, s'articulerait autour de quatre points, à savoir en premier la protection de la production sidérurgique nationale dans un marché caractérisé par des importations anarchiques ne répondant même pas aux normes. Viendraient ensuite le renforcement des infrastructures de transport et notamment le rail sur les liaisons Annaba et les sites miniers, ainsi que le soutien à l'investissement dont la réhabilitation de l'unité de la cokerie qui emploie 320 salariés. Indiquons que cette opération devrait nécessiter à elle seule quelque 40 millions de dollars, selon les estimations figurant sur les rapports d'expertise demandés par le groupe au lendemain de la fermeture de cette unité. De plus, le programme prévoit la création d'une usine d'enrichissement du minerai de fer à même le complexe d'El-Hadjar dont l'approvisionnement est assuré par les sites de Boukhadra et de l'Ouenza, ainsi que 300 nouveaux postes de travail. Smaïn Kouadria se félicite du fait que la direction d'ArcelorMittal, par la voix de Vincent Legouic, a souligné malgré tout la qualité du travail accompli avec les partenaires sociaux depuis juillet 2009. “De notre point de vue, ce travail participe grandement à l'amélioration de nos résultats. La direction générale réaffirme sa volonté de dialoguer avec les partenaires sociaux ; des engagements sont pris pour la revalorisation des métiers-clés de production, l'intégration chaque fois que c'est possible des sous-traitants intervenant dans le process de fabrication, la mise en place de critères d'évaluation du personnel et de la gestion des carrières”, indique un communiqué de la direction générale de l'usine, ajoutant qu'elle “privilégie des solutions négociées et rapides tournées vers l'avenir, respectueuses de l'environnement, économiquement et industriellement responsables”.