Khelil doit répondre des charges retenues contre lui L'Institut français des relations internationales vient de publier une note intitulée Un Etat dans l'Etat. Les «feuilletons» Sonatrach 1 et 2 n'ont pas fini de délier des langues et l'avenir proche promet d'être riche en enseignements sur la gestion de cette entreprise qui n'a eu de cesse d'être le «vrai trésorier» de l'Algérie. C'est dire que ce dossier de corruption à grande échelle, qui a valu l'éviction toute récente du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'a pas encore livré tous ses secrets. Ainsi, l'Institut français des relations internationales, vient de publier une note intitulée Un Etat dans l'Etat. Cette note résume parfaitement le travail de son auteur, qui n'est autre que l'ancien vice-président de Sonatrach, de 1972 à 1975, Hocine Malti. Cette note, dont Malti est l'auteur, raconte comment Sonatrach a parfois pris en charge les dépenses de l'Etat algérien via des fonds secrets. Ces déclarations qui s'apparentent à des confidences secrètes viennent après que l'auteur soit revenu sur les conditions qui ont présidé à la création de Sonatrach. D'emblée, Malti présente le «tout puissant» management de Sonatrach sous l'ère de Houari Boumediene. Pour lui, «l'hypersensibilité politique, économique ou sociale des sujets à traiter, obligeait les dirigeants, jusqu'au sommet de l'Etat, à leur accorder, en sus du pouvoir, une très grande liberté d'action, souvent supérieure à celle de nombreux ministres» et d'ajouter que «ce sont d'ailleurs presque toujours les propositions avancées qui étaient retenues par le pouvoir politique».Plus tard, sous Chadli Bendjedid, Sonatrach devient une véritable «pompe à finances», écrit l'auteur. Pour désendetter le pays, le chef de gouvernement de l'époque (1991-1992), Sid Ahmed Ghozali, «fit alors adopter, le 4 décembre 1991, une nouvelle loi sur les hydrocarbures qui permettait l'association d'un partenaire étranger sur des gisements déjà découverts» rappelle Malti. Une levée de boucliers avait alors empêché la «vente de Hassi Messaoud», mais une partie du grand gisement de Zarzaïtine, fut cédée à une entreprise chinoise. Ce qui ne résolut pas pour autant la question de l'endettement de l'Algérie, qui finira par se résoudre à négocier avec le FMI quelques années plus tard, écrit Malti. Ce dernier revient également sur les scandales qui ont émaillé la vie de Sonatrach et son rôle occulte. «Sonatrach, dira-t-il, a permis le rapprochement entre les services de renseignement de l'Algérie et des Etats-Unis par l'intermédiaire de la société Brown and Root Condor (BRC), une filiale commune de la Sonatrach et de Brown and Root (B&R), elle-même filiale de Haliburton. Nombre de projets pétroliers algériens et certains autres relevant des ministères de l'Intérieur et de la Défense, ont été confiés à cette société qui les transmettait à la société mère B&R pour réalisation. Des commandes de matériel militaire extrêmement sensible ont également été passées par l'armée algérienne par l'intermédiaire de BRC. Un énorme scandale a éclaté lorsque l'on découvrit que B&R surfacturait ses services jusqu'à concurrence de 600 et 700%, ce qui permettait le versement de grosses commissions et rétro commissions aux protagonistes algériens et américains d'un vaste réseau de corruption. Cette imbrication d'intérêts de l'Etat et d'intérêts personnels dans deux domaines stratégiques, les hydrocarbures et la défense, faisait planer un grave danger sur la sécurité nationale, avance l'auteur.