Depuis que l'équipe nationale a commencé à gagner, ou «renoué avec la victoire» comme on dit dans la langue de bois du foot, Samir est devenu un habitué du stade Tchaker. Samir n'est pas un «fou de foot» comme le laisserait supposer son enthousiasme débordant à chaque sortie des Verts depuis sa sortie des longues années de disette. Il est seulement chasseur de bonheur et comme il n'y a plus beaucoup de raison d'en vivre quelques moments depuis longtemps, il saisit tout ce qui peut lui en procurer un pan. Samir est un passionné de cinéma et de musique mais il est «preneur» pour tout ce qui fait spectacle. Comme le foot est un spectacle par excellence, il en regardait souvent mais en matière de cinéma, de musique et accessoirement de foot, il a toujours été exigeant. En matière de «ballon rond», il allait donc plutôt chercher ses matches ailleurs, la qualité du jeu ayant déserté les terrains du pays depuis qu'il était en âge d'aller au stade. Il sait que ce n'est pas très original mais sa préférence va vers le Brésil et l'Argentine en Coupe du monde. Sinon, en club, il a un faible pour le Bayern et s'agissant du football germanique, il a toujours cette formule à la bouche : «Quand les Allemands jouaient mal, ils gagnaient toujours. Ils triomphent moins maintenant qu'ils assurent le spectacle.» Dans son entourage de passionnés, Samir fait figure de personnage atypique. C'est que ses copains ont du mal à comprendre qu'on puisse aimer le foot et faire preuve d'autant de sérénité. Dans ces milieux-là, les choses sont simples : ou on est enflammé ou on va regarder des parties de jeux d'échecs. Depuis que l'équipe nationale a commencé à gagner, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué à Samir pour s'enflammer. Il y a eu «l'enfer du Cairo Stadium», il y a eu «l'épopée d'Oumdurman» et «la bonne Coupe du monde» au Brésil. Mais on ne change pas Samir, serein il l'est, serein il restera. Serein mais toujours exigeant en matière de spectacle. Et il commence à se demander depuis les derniers matches des Verts s'il peut encore y trouver quelque compensation au désert cinématographique et musical de ses premiers et réels amours. Alors, quand ses copains «enflammés», pour qui c'est une évidence, l'ont sollicité pour organiser la virée blidéenne d'hier, Samir a été moins enthousiaste encore. Déjà qu'il n'est pas très bouillonnant quand il pensait pouvoir s'éclater au stade faute de s'amuser ailleurs, il ne va pas s'enfiévrer maintenant, après le match des Verts en Tanzanie. Mais il s'est quand même mis de la partie. Après tout, il n'y a toujours pas de cinéma et pas de musique. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.