Les Algériens aiment le spectacle, il n'y a rien à dire là-dessus. Alors ils vont aller le chercher là où ils peuvent le trouver. Et ils le trouvent toujours, parce qu'ils savent où... chercher ! Les Algériens aiment le foot, ils ont ça dans le sang. Et le foot est un merveilleux spectacle dont les Algériens peuvent se régaler jusqu'à en mourir. Du foot- spectacle, il y en avait d'abord, à tout seigneur, tout honneur, dans la rue. On ne jouait pas vraiment pour gagner. Si quand même, gagner fait partie du spectacle mais juste en partie. Par contre, on ne jouait pas pour l'argent même si on en rêvait. Le rêve fait aussi partie du spectacle, plus précisément de la beauté du spectacle. Les enfants du foot faisaient rêver par le beau geste ou la générosité dans l'effort, sans étaler leurs rêves de prospérité. Les Algériens adorent le spectacle, ça leur arrive même de savoir en faire. Mais ils savent aussi déserter les gradins quand le jeu ne vaut plus la chandelle. Ni la rue ni les stades de foot ne les passionnent, ils se sont tournés vers les stades d'Europe. Ils savent où chercher le spectacle, c'est pour cela qu'ils le trouvent toujours. Real-Barça est devenu une véritable folie nationale, avec ses galeries distinctes, sa logistique, ses paris, ses défis et ses rituels. Il arrive même qu'il ait aussi ses... bagarres ! Est-ce que la bagarre fait partie du spectacle ? Les avis sont «partagés» et les résultats des premiers sondages sur la question n'ont pas encore publié leurs résultats. Mais pour question spectacle, les Algériens aiment ça, c'est une évidence. Et pas seulement dans le foot. Les Algériens raffolent de tout ce qui fait plaisir aux yeux et aux oreilles. Les grands shows musicaux qui ont fait l'événement dans le monde ne leur ont à aucun moment échappé. Et ça fait feu de tout bois. Y compris quand la nature se déchaîne, quand éclate la guerre ou quand il y a des élections. Pour les tremblements de terre, les tempêtes et les guerres, ce n'est pas vraiment un spectacle, mais ils aiment ça. Prenez les élections par exemple. Les gens se trompent, ils ont tout faux, les Algériens boudent les élections non pas par désaffection pour la «chose politique», comme on dit désormais mais parce que le vote chez nous manque horriblement de spectacle. Il y a six mois, des élections législatives ont eu lieu ici et à la même période, Sarkozy affrontait Hollande pour désigner le président de la France. Eh bien, dans les chaumières, la rue, le café ou les bureaux, il a été beaucoup plus question du duo d'outre Méditerranée que de nos joutes parlementaires ! On appréciait, on se positionnait, on s'enflammait même à des «moments forts» d'une campagne électorale qui n'aurait pas dû nous enthousiasmer outre mesure. Mais là, c'est de la politique, pour les Algériens, il était question de spectacle ! Et le spectacle, nos matches de foot, nos élections et même notre nature en manquent terriblement. Qui peut bien parler en ce moment des élections locales et de la campagne électorale en dehors de Seddiki ? On allait oublier les candidats envoyés à Club des Pins enregistrer des discours à géométrie statique dont l'heure de passage profite aux rares branchés sur l'ENTV pour aller casser la croûte ? Pendant ce temps pourtant, se joue un vrai show, à l'américaine et en Amérique ! Un vrai spectacle, des Barça-Real politiques dont on n'a rien raté. Romney avait pris l'avantage dans le premier tête-à-tête. Barack remonte au second et déroule au troisième. Un régal pour la galerie qui apprécie, se positionne et jubile. Pendant ce temps, on n'a même pas trouvé de colleurs d'affiches pour un alignement de tableaux dans l'horreur. Les Algériens aiment le spectacle parce qu'ils le connaissent. Alors ils ont déserté tous les gradins. Ceux du foot, de la «musique» et du foot. ça lui arrive quand même de regarder la mer quand elle se déchaîne, un beau spectacle. Mais la mer est souvent calme. Alors, on regarde vers l'horizon.