Mélissa est née avec un handicap grave qui la prive de l'usage de ses membres inférieurs. Ses parents ont tout fait pour la guérir mais ils ont fini par se rendre à l'évidence : leur fille, à moins d'un miracle futur, vivra avec son mal jusqu'à la fin de ses jours. Mélissa va à l'école tous les matins sur sa chaise roulante, poussée par sa mère qui l'élève seule, après son divorce. Mélissa est belle, intelligente et affectueuse. Elle connaît le calvaire de sa mère, au point d'oublier souvent son propre malheur de ne pas être une enfant comme les autres pour songer à atténuer comme elle peut les souffrances de sa génitrice. Comme un malheur n'arrive jamais seul, l'école où est scolarisée Mélissa, parce que c'est la plus proche de leur domicile, a toutes ses salles de classe à l'étage. Et les capacités de prise en charge de ces cas dans nos écoles étant ce qu'elles sont, la brave maman est contrainte aussi d'arracher sa petite deux fois par jour pour la porter dans ses bras jusqu'à sa classe. Puis la faire descendre à la fin des cours. Mélissa ne connaît pas les récréations sauf quand une bonne âme lui propose de la faire descendre dans la cour et la remonter. Chose qu'elle refuse souvent parce qu'elle n'aime pas trop être une charge pour les autres. Depuis la dernière rentrée, ses petits copains de classe se sont concertés et ils ont décidé de s'occuper d'elle dès son arrivée dans la cour de l'école. Ça ne lui rend pas ses jambes, ça ne fait pas d'elle une fille comme les autres pour sa brave maman mais il y a des petits bonheurs qu'on ne boude pas. Depuis, les petits copains d'école se bousculaient pour aider Mélissa à rejoindre sa classe. Il y a eu quelques petites chamaillades parce que certains d'entre eux se sentaient frustrés de ne pas pouvoir se rendre utiles pour leur camarade. Des engueulades qui se terminent toujours dans la bonne humeur. D'abord, parce que surveillants et enseignants intervenaient toujours avec douceur parce qu'ils savent que l'objet des disputes est d'une grande générosité. Ensuite parce que Mélissa, toujours émue par autant de sollicitations avait toujours le mot juste pour mettre fin aux «hostilités». Entre autres trouvailles pour calmer les ardeurs de ses camarades, Mélissa avait celle-ci qui met un brin d'humour dans l'atmosphère : «Ne vous bousculez pas, il y en aura pour tout le monde.» Jusqu'à ce que l'un d'eux trouve l'astuce pour contenter tout le monde : ouvrir une liste pour organiser le tour de rôle. Là où il y a de la générosité, il y a forcément du génie. Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.